Après dix années passées en France, Abdoulaye Barry choisit de rentrer en Guinée avec une idée en tête: mettre la technologie au service de la culture. Autodidacte, il s’initie au maniement du laser grâce à des tutoriels en ligne, achète sa première machine en Europe et décide de lancer sa propre entreprise.
«Je me suis auto-formé pour comprendre ce qu’est une machine laser. Après avoir acheté ma propre machine, j’ai pris l’avion de France vers la Guinée, en mai dernier. Les débuts ont été très compliqués, mais aujourd’hui nous arrivons à produire des objets qui impressionnent presque tout le monde, et nous en sommes très fiers».
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Rapidement, il entraîne ses jeunes frères dans l’aventure, leur ouvrant les portes d’un univers jusque-là méconnu: la gravure et la découpe laser appliquées à l’art décoratif. Ensemble, ils commencent à produire des objets personnalisés qui suscitent l’admiration, confie Abdoulaye Barry. «La machine permet de découper du bois, certains types de plastique, mais aussi du cuir que l’on peut graver ou façonner. Mais au-delà de la machine, ce qui fait la différence, c’est la créativité qu’on apporte: imaginer, concevoir, puis modéliser les idées dans un logiciel avant de les concrétiser».
Alseny Sow, apprenant, lâche: «ce matin, j’ai réalisé le design de la carte de Guinée avec son cadre. Actuellement, je suis en train de travailler sur le support: j’applique la colle avec le tissu, la représentation de la forêt sacrée. Ensuite, je procède à la découpe. Ce n’est pas si difficile finalement: il suffit d’être concentré et appliqué».
Chaque création est spéciale: cartes de Guinée découpées avec précision, drapées de motifs issus de tissu traditionnel Leppi ou de la forêt, produisant un ingénieux mélange de modernité et de tradition, se réjouit Abdoulaye Barry, entrepreneur. «En Guinée, nous avons encore du mal à utiliser les outils modernes. Pourtant, dans le monde entier — en France, aux États-Unis, en Europe en général — l’artisanat a évolué grâce à des matériaux performants et à des machines de dernière génération. Ces technologies permettent de rendre les créations plus modernes, plus esthétiques et plus attractives».
Dans un pays où l’artisanat peine parfois à se renouveler, l’initiative d’Abdoulaye Barry apparaît comme un souffle nouveau. Entre laser et tradition, il ne s’agit pas seulement de décorer, mais de raconter l’histoire d’une Guinée qui innove sans se renier.