Bien avant que les élèves ne rejoignent leurs pupitres, les couturiers se mettaient à l’ouvrage, les enfants devant être habillés pour la circonstance. Mais cette année, les commandes se font rares, s’inquiète Ayidi Toh, un tailleur de Conakry, «j’espère que d’ici la rentrée, les affaires repartiront car jusqu’à présent, c’est plutôt le calme plat».
L’autre hantise qui taraude l’esprit de Ayidi Toh tient du marchandage des parents, qui négocient âprement chaque vêtement, au moindre centime. Les temps sont durs pour tout le monde: «les parents exigent de fortes baisses du prix. Ils discutent trop nos tarifs. Je ne sais pas si c’est parce que la situation est difficile.»
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Entre les moyens limités des familles et la nécessité pour les couturiers de dégager une marge bénéficiaire, un équilibre semble avoir été trouvé. Mais un équilibre qui ne tient qu’à un fil. «Les prix varient selon qu’il s’agisse de robes, de pantalons ou de complets. Par exemple, le prix d’un complet ne peut être inférieur à 50.000 francs guinéens (gnf) mais même à ce prix, les clients négocient et le veulent pour 30.000 ou 35.000 gnf. Ça ne nous arrange pas, mais on n’a pas le choix», témoigne-t-il, résigné.
Chez son confrère Alseny Diallo, l’ambiance est tout autre. Dans cet atelier de couture de la capitale guinéenne, le maître couturier craint les commandes tardives qu’il est «impossible de refuser et difficile de satisfaire. Si le client ne se manifeste qu’à deux ou trois jours de la rentrée, il est clair que nous ne pourrons pas le satisfaire.»
Durant la semaine qui précède la rentrée des classes, tailleurs et parents ont le même rêve, celui de voir les enfants joliment habillés le jour où ils retrouveront le maître d’école et leurs camarades. Mais ce n’est qu’un rêve, car forcément, pour certains, des imprévus sont à craindre.