Guinée. Une faible connexion internet vendue très cher: la giga colère des professionnels

Les professionnels font face à la qualité médiocre de l'Internet.

Le 15/10/2025 à 12h05

VidéoLa qualité de la connexion internet, censée soutenir les activités économiques de divers secteurs, pose de sérieux problèmes aux utilisateurs: bande passante insuffisante, coût exorbitant, débit et qualité de la connexion instables. Ce cocktail nuit aux informaticiens et aux commerçants qui dénoncent une situation critique.

Dans de nombreuses zones urbaines de Guinée, la connexion est des plus compliquées. Alors que le numérique s’impose comme un pilier de l’activité économique, les professionnels doivent composer avec une infrastructure vétuste, des services peu fiables et des prix souvent prohibitifs. Loin d’être un outil de productivité, la connexion devient parfois un frein à l’activité, voire un obstacle à la croissance.

Pour Ibrahima Yaya Baldé, informaticien IT, la solution ne peut venir que d’une rupture technologique radicale. «Pour résoudre les problèmes de connexion que nous rencontrons, il faudrait des solutions comme Starlink, qui permettent un accès plus libre, sans restriction. Avec les connexions gérées par l’ARPT, c’est extrêmement difficile. Même quand la connexion est censée être disponible, la bande passante est souvent très mauvaise. Il n’y a pas vraiment de solution».

Face à l’instabilité, il faut s’adapter… ou subir. «On s’est adapté tant bien que mal, mais c’est compliqué avec les clients. On essaie d’optimiser l’usage de la connexion, mais ce n’est pas fiable».

Si l’arrivée du Wi-Fi dans certains quartiers avait laissé entrevoir un mieux, l’enthousiasme a vite laissé place à la déception. Ibrahima Yaya Baldé dénonce l’inefficacité des équipements proposés. «Le nombre de mégas est très faible. Résultat, une connexion lente, parfois inutilisable. Certains routeurs, comme ceux de l’opérateur Orange, sont censés supporter jusqu’à 16 utilisateurs. En réalité, même seul, il est difficile de se connecter. À cinq, c’est mission impossible. La bande passante est tout simplement insuffisante».

Du côté des commerçants aussi, la situation est intenable. Mamadou Oury Sow, vendeur d’appareils électroniques, vit cette frustration au quotidien. «Tu achètes des passes, tu essaies de te connecter, mais rien ne marche. Juste pour ouvrir une page, tu peux attendre plus de deux minutes. Et souvent, on t’envoie un message disant que tes passes sont déjà épuisées, alors que tu n’as rien pu faire. C’est vraiment décourageant».

Dans une activité où tout dépend de la connexion– pour tester, mettre à jour, ou configurer les produits– l’impact est direct. «Nous vendons des ordinateurs, des appareils électroniques. Sans connexion, impossible de faire des mises à jour ou de tester certains appareils. C’est un vrai calvaire. On demande à l’État de faire quelque chose, sinon, on court à la catastrophe».

À ces difficultés techniques s’ajoute une autre réalité tout aussi pesante: le coût élevé de l’accès à Internet.

Ibrahima Yaya Baldé le rappelle. «Avec l’opérateur Mouna, la connexion peut coûter jusqu’à 100 euros. Orange propose des forfaits à 490.000 GNF, soit environ 50 euros. C’est extrêmement cher pour la qualité fournie. On ne peut pas rentabiliser nos activités avec de tels prix».

Ces témoignages dressent un tableau sans concession d’une situation alarmante. Tandis que le numérique devient la colonne vertébrale du développement, la piètre qualité de la connexion Internet en Guinée freine l’innovation, paralyse les initiatives et isole les professionnels. Il ne s’agit plus seulement de confort, mais d’accès à l’économie moderne.

Pour ces acteurs du secteur, l’État, les opérateurs télécoms et les partenaires technologiques doivent agir ensemble afin de garantir un accès fiable, abordable et équitable à Internet pour tous.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 15/10/2025 à 12h05