La détention de Paul Nthenge Mackenzie a été prolongée à plusieurs reprises pour permettre les recherches de victimes dans la forêt de Shakahola (sud-est), où se réunissait son «Église internationale de Bonne Nouvelle» à qui il prêchait de jeûner jusqu’à la mort pour «rencontrer Jésus» avant la fin du monde en août 2023.
Baptisé «massacre de Shakahola», ce scandale a suscité effroi et incompréhension au Kenya, pays majoritairement chrétien comptant 4.000 «églises» officielles.
Statuant sur une demande de maintien en détention pour 180 jours formulée en septembre par les procureurs, un tribunal de la ville côtière de Mombasa a souligné mardi que le pasteur Mackenzie et 29 coaccusés avaient déjà passé 117 jours, «un délai suffisant pour que les enquêtes en cours puissent être achevées».
Rappelant qu’«il s’agit de la plus longue détention provisoire de l’histoire du pays» depuis la promulgation de sa constitution en 2010, il a accordé 14 jours supplémentaires.
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«Si aucune décision d’inculper les (accusés) n’a été prise à l’expiration de cette période, le tribunal envisagera de (les) libérer selon des conditions qui seront déterminées par le tribunal», écrit le juge Yusuf Abdallah Shikanda dans sa décision.
Les procureurs avaient annoncé en mai qu’ils engageraient des poursuites pour «terrorisme» contre le responsable présumé du «massacre de Shakahola».
Chauffeur de taxi avant de se proclamer pasteur, Paul Nthenge Mackenzie est en détention depuis le 14 avril, au lendemain de la découverte des premières victimes dans la forêt de Shakahola. Depuis, 429 corps ont été retrouvés dans cette zone de «bush» de la côte kényane.
Les autopsies pratiquées ont révélé que la majorité des victimes sont mortes de faim, vraisemblablement après avoir suivi les prêches de Paul Nthenge Mackenzie. Certaines, dont des enfants, ont été étranglées, battues ou étouffées.
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Seize personnes sont accusées d’avoir fait partie d’un groupe d’ »hommes de main » du pasteur chargé de veiller à ce qu’aucun adepte ne rompe le jeûne ou ne s’échappe de la forêt.
Les autorités ont été vivement critiquées pour ne pas avoir empêché les agissements du pasteur Mackenzie, arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes.
En mars, il avait été libéré sous caution malgré des accusations contre lui après le décès de deux enfants, morts de faim sous la garde de leurs parents liés à la secte.
Une commission sénatoriale a pointé des «défaillances» de la justice et de la police, dans un rapport publié en octobre.