Kigali: Africa School of Governance lance des formations en politiques publiques

Une salle de cours d'Africa School of Governance de Kigali.

Une salle de cours d'Africa School of Governance de Kigali.

Le 03/05/2025 à 12h11

Dès septembre prochain, Africa School of Governance à Kigali dispensera des formations en leadership à l’image des établissements universitaires similaires comme Nelson Mandela School of Public Governance en Afrique du Sud ou encore School of Politics, Policy and Governance au Nigeria.

En 2022, Paul Kagame, président du Rwanda, et Hailemariam Desalegn, ancien Premier ministre d’Éthiopie, avaient lancé l’idée de créer un établissement d’enseignement supérieur destiné à offrir des programmes en matière de politiques publiques.

Charline Prazen Chikomo est un jeune professeur d’université et diplômé de la Nelson Mandela School. Selon lui, l’existence même de ces écoles est révélatrice d’une prise de conscience de la nécessité de tels établissements de formation de haut niveau. «Pour qu’il y ait développement durable en Afrique, il faut qu’il y ait bonne gouvernance. La plupart de ce que nous avons vu auparavant, c’est du mimétisme, on copie les modèles occidentaux dans des cadres africains. Ce que promettent ces écoles aujourd’hui, c’est de rompre avec cette approche en proposant des pédagogies fondées sur les réalités africaines».

L’objectif est d’aller au-delà de la simple formation technique pour inculquer une compréhension profonde des enjeux africains, dans une démarche de décolonisation du savoir et de construction de politiques publiques adaptées.

Adama Gaye, journaliste et directeur du School of Politics, Policy and Governance, souligne de son côté l’importance du savoir-faire pour espérer un changement durable sur le continent. «Ces écoles sont un premier pas vers une gouvernance éclairée, une voie guidée par la connaissance.»

Il insiste sur l’exemple de pays comme Singapour ou le Vietnam, qui ont investi massivement dans la formation de leurs élites pour amorcer des transformations profondes.

L’Africa School of Governance (ASG) s’inscrit dans cette dynamique. L’école se veut une réponse africaine aux défis africains et un espace panafricain d’excellence académique et de réflexion stratégique sur les politiques publiques.

Pour Monsieur Gaye, «c’est une initiative qu’il faut saluer et le fait que ce soit d’anciens chefs d’État dans certains cas qui se mobilisent et qui réalisent qu’ils n’ont pas réussi, c’est une excellente chose».

L’ASG prévoit des programmes de Master en administration publique, des séminaires exécutifs, et des travaux de recherche orientés vers des solutions locales. Elle rejoint ainsi une tendance croissante à travers l’Afrique visant à institutionnaliser un leadership transformationnel. Et c’est tout un peuple qui attend et demande des résultats tangibles.

«Nous savons tous que la colonisation n’a pas seulement consisté à prendre des pays, mais aussi à instaurer la colonialité, c’est-à-dire la croyance que les colonisés ne peuvent rien faire par eux-mêmes sans la supervision du colonisateur», renchérit le jeune professeur Charline Prazen Chikomo.

Reste à savoir si ces écoles d’excellence produiront les effets escomptés. Leurs succès dépendent de leur capacité à surmonter les défis structurels, notamment le financement durable, l’indépendance politique, et l’attractivité des carrières publiques. Les écoles de gouvernance, aussi prometteuses soient-elles, ne peuvent à elles seules réparer des systèmes politiques souvent fragiles selon les analystes et observateurs.

Pour rappel, la mauvaise gouvernance entraîne des pertes financières considérables pour l’Afrique, affectant directement son développement économique et social.

Selon l’Index Mo Ibrahim 2023, la moitié des pays africains ont vu leur performance en matière de gouvernance stagner ou décliner au cours des dix dernières années.

Par Fraterne Ndacyayisenga
Le 03/05/2025 à 12h11