Avec 7 710 meurtres durant le quatrième trimestre de l’année 2023, la Nation arc-en-ciel est bien dans une situation d’insécurité persistante. Elle semble être assiégée et en guerre contre elle-même.
Ces chiffres, publiés par le Service de la Police, sont encore plus ahurissants avec plus de 1.100 femmes assassinées et 12.211 autres violées au cours de cette même période. Ainsi, une femme est violée toutes les 12 minutes en Afrique du Sud, où les enlèvements contre rançon se sont aussi exacerbés durant les derniers mois et sont devenus une activité lucrative pour les syndicats criminels.
Il s’agit là, certes, d’un tableau terrifiant de la violence perpétrée par des criminels impitoyables qui terrorisent la société et privent les citoyens des moyens de subsistance et du droit à la vie et à la liberté.
En effet, les Sud-africains et même les étrangers sont constamment hantés par un sentiment généralisé d’insécurité et demeurent sous le choc de tous les événements horribles qui semblent les submerger au quotidien. La menace croissante est omniprésente des meurtres et des enlèvements auxquels ils assistent quotidiennement engendrent de graves critiques et des interrogations quant aux actions ou plutôt à l’inaction du gouvernement.
Les crimes violents, un monstre impossible d’abattre dans un pays gangrené par la corruption
Hormis les promesses mainte fois faites par les hautes autorités du pays de mobiliser tous les moyens, afin de contenir cette menace persistante, le constat est très amer : le crime violent est maintenant devenu un monstre presque impossible d’abattre dans un pays gangrené par une corruption généralisée, la capture d’Etat, une crise économique aiguë et un taux de chômage records (plus de 31% et 45% pour les jeunes).
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Il n’y a pas si longtemps, le Président Cyril Ramaphosa a reconnu que les crimes violents prélevaient un lourd tribut sur les Sud-africains, mettant les communautés de tout le pays dans un état de peur pour la sécurité de leurs familles.
Il va sans dire que les statistiques de la criminalité révèlent l’incompétence de la police sud-africaine, dont la capacité en matière de renseignement s’est également détériorée, minée par l’ingérence politique et la faiblesse du leadership policier. Cela a abouti à son incapacité à anticiper et à éviter le «carnage» et les troubles violents, comme ceux de 2021 qui ont terni l’image de l’Afrique du Sud, faisant plus de 350 morts et des dégâts matériels considérables.
L’Afrique du Sud en passe de devenir un État-gangster
Face à cette tristement célèbre réalité, plusieurs voix se sont élevées, notamment celles des ONG et des partis politiques, appelant le gouvernement à déployer tous les moyens qu’il faut pour s’attaquer aux syndicats du crime et faire de la sorte contenir la criminalité qui est, malheureusement, devenue une triste norme dans le pays.
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C’est le cas du principal parti de l’opposition, l’Alliance démocratique (DA), et d’Amnesty International, pour qui «ces statistiques montrent que le gouvernement a bien échoué dans sa mission de protéger ses citoyens».
C’est ce que pense aussi le directeur de l’Organisation de défense des droits civiques «Action Society», Ian Cameron, qui a affirmé qu’il était «tout à fait clair que les Sud-africains ont été abandonnés par le gouvernement dans la guerre contre le crime». «Nous sommes seuls en matière de sûreté et de sécurité», déplore-t-il. Ils conviennent tous que ces crimes violents sont la preuve que l’Afrique du Sud est en passe de devenir un État-gangster.