La RDC, épicentre de l’épidémie de mpox, lance la vaccination

Un clinicien administre le vaccin mpox à un mobilisateur social lors du lancement de la campagne de vaccination à l'Hôpital Général de Goma, le 5 octobre 2024.. AFP or licensors

Le 05/10/2024 à 19h29

La République démocratique du Congo (RDC) a officiellement lancé samedi sa campagne de vaccination pour tenter d’enrayer la propagation de l’épidémie du mpox dans ce pays d’Afrique centrale, de loin le plus touché au monde par le virus.

La vaccination, qui devait initialement débuter mercredi, a été repoussée notamment en raison de retards dans le déploiement des précieuses doses à travers le pays grand comme quatre fois la France et pauvre en infrastructures. Les opérations de vaccinations ont finalement commencé en milieu d’après-midi à Goma (est).

Quelques heures avant les premières vaccinations, devant le plus grand hôpital de la capitale de la province du Nord-Kivu, les autorités locales épaulées par l’OMS et des ONG étaient encore occupées à monter des tentes et déployer des banderoles rappelant les gestes barrières avec le message «Le mpox existe».

Une dizaine de soignants ont été les premiers à être immunisés, ont constaté des journalistes de l’AFP. «En tant que médecin, je suis en première ligne (...) Je veux me protéger», a expliqué le Dr Jeannine Muhavi, la première vaccinée.

La campagne doit se poursuivre plus largement à compter de lundi, notamment dans la province voisine du Sud-Kivu où l’épidémie actuelle est apparue il y a un an, selon les autorités sanitaires.

A Goma samedi, le directeur de cabinet du ministre de la Santé Romain Muboyayi a promis une «lutte totale» contre «cette maladie évitable et guérissable».

«Le déploiement du vaccin marque une étape importante pour limiter la propagation du virus», a salué le Dr Matshidiso Moeti, directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, cité dans un communiqué.

«Pas de vaccination de masse»

Lors d’une conférence de presse vendredi, le ministre de la Santé Samuel-Roger Kamba a toutefois souligné qu’il ne s’agit pas à ce stade d’une «vaccination de masse» mais de cibler les publics à risque (soignants, professionnels du sexe, homosexuels, etc).

Aucune date précise n’a été communiquée pour la vaccination à Kinshasa. La capitale congolaise surpeuplée a été relativement épargnée par l’épidémie mais une récente augmentation rapide des cas, signalée par l’agence sanitaire de l’Union africaine (Africa CDC), fait planer le spectre d’une contamination à grande échelle.

Depuis le début de l’année, la RDC a enregistré plus de 30.000 cas et près de 990 décès. Selon l’OMS, le pays concentre 90% des contaminations recensées dans le monde.

Quelque 70% des décès concernent des enfants de moins de cinq ans, selon les autorités sanitaires. Mais la vaccination ne s’adresse à ce stade qu’aux adultes.

Le pays parmi les cinq plus pauvres de la planète a reçu le mois dernier 265.000 doses données par l’Union européenne et les États-Unis. Ce vaccin, fabriqué par le laboratoire danois Bavarian Nordic, est homologué uniquement pour un usage chez les adultes. Des tests sont actuellement menés pour une utilisation chez les moins de 17 ans.

Un autre vaccin, qui peut lui être utilisé chez les enfants, est autorisé par le Japon, avec qui la RDC est en discussions pour un possible approvisionnement de quelque trois millions de doses.

«Vous pouvez imaginer que dans un pays de 100 millions d’habitants, ce n’est pas avec 265.000 doses qu’on résout le problème», a martelé vendredi M. Kamba, précisant que les adultes doivent normalement recevoir deux doses pour être totalement immunisés.

La RDC doit aussi recevoir 4.500 tests PCR de diagnostic précoce. L’OMS a annoncé vendredi donner son feu vert au test permettant de détecter la souche du virus avec des écouvillons à partir de lésions cutanées.

Plusieurs épidémies de mpox sont actuellement en cours dans le centre de l’Afrique. La recrudescence des cas et l’apparition d’un nouveau variant en RDC avaient poussé l’OMS à déclencher son plus haut niveau d’alerte mondiale en août.

Auparavant appelé variole du singe, le mpox est une maladie virale qui se propage de l’animal à l’homme mais se transmet aussi entre humains, provoquant fièvre, douleurs musculaires et lésions cutanées.

Le virus est actuellement présent dans 16 pays en Afrique, selon l’Africa CDC.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 05/10/2024 à 19h29