Le 1er mai au Sénégal: les travailleurs de l’informel, ces grands oubliés de la Fête

Le 01/05/2025 à 20h53

VidéoAlors que le 1er mai est célébré pour honorer le monde du travail, une grande partie des travailleurs sénégalais dit ne pas se reconnaître dans les discours officiels. Dans le secteur informel, vendeurs ambulants, commerçants de rue ou petits détaillants dénoncent une marginalisation persistante.

le Sénégal, à l’instar des autres pays du monde a célébré ce jeudi 1er mai la Fête du Travail.

Seulement, selon le Bureau international du travail, neuf travailleurs sur dix au Sénégal occupent un emploi informel et 97% des entreprises évoluent dans ce secteur.

En conséquence, cette masse silencieuse qui contribue à l’économie sénégalaise se sente marginalisée et non concernée par les célébrations de la Fête du Travail.

Lamine Saloum, commerçant, déplore le manque total de soutien des autorités, «les autorités n’ont aucune considération pour nous, que ce soit le préfet ou le maire. Ils ne nous laissent pas travailler, comme si nous ne faisions pas partie de ce pays. Ils devraient pourtant nous soutenir, nous les vendeurs ambulants, car nous n’avons pas beaucoup de moyens», regrette-t-il.

Même son de cloche chez Modou Ndiaye, vendeur d’habits. Pour lui, les difficultés sont multiples: faible pouvoir d’achat, ventes au ralenti et invendus qui s’accumulent. «Pour dire la vérité, l’argent ne circule pas. Nous parvenons à nous approvisionner en marchandises, les clients ne paient pas le juste prix. Le pire. Il m’arrive de ne vendre aucun article du matin au soir. Ceux qui vendent de la nourriture s’en sortent difficilement, alors imaginez-nous, vendeurs de vêtements», explique-t-il, visiblement découragé.

Birane Bâ, lui aussi vendeur de chaussures, pointe du doigt la concurrence déloyale. «Je me demande où sont ceux qui sont chargés de contrôler les prix. Certains arrivent à faire entrer des produits importés qu’ils vendent moins cher, alors que nous, fils du pays, croulons sous le poids des taxes. Il aurait suffi que l’État renonce à certaines taxes pour que la situation s’améliore, tant pour nous que pour les clients», dénonce-t-il.

Du côté des consommateurs aussi, la grogne monte. Maïssa Fall, mère de famille, déplore une flambée incontrôlée des prix. «Tout est cher ici, c’est la vérité. Avec 3.000 francs FCA, on n’obtient presque rien au marché. Cette flambée des prix pèse lourdement sur nous. Pour s’en sortir, on est obligés de se contenter du strict minimum».

En ce 1er mai, pendant que certains réclament de meilleurs salaires ou des primes de rendement, d’autres, plus silencieux, mais tout aussi essentiels à l’économie nationale, demandent simplement à être vus, entendus, et traités avec justice.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 01/05/2025 à 20h53