«J’ai gui les dos à ta nga, pour qu’elle me bay un way lorsqu’elle va bag au lon», voilà une phrase qui n’est ni du français, ni de l’anglais. C’est tout simplement le francanglais, une langue intermédiaire entre les deux langues officielles au Cameroun, le français et l’anglais.
En français cette phrase se traduit en ces termes: «J’ai donné de l’argent à ta femme pour qu’elle m’achète quelque chose lorsqu’elle va rentrer à la maison».
A la fois un sabir et un argot camerounais à base de français, d’anglais et de langues camerounaises, le francanglais est utilisé, surtout par les jeunes, à l’école, au marché, en famille et dans la rue... pour traduire une certaine convivialité et une intimité qui suppose l’appartenance à la même communauté sociale.
Un langage familier qui s’emploie entre amis ou frères. Aucun Camerounais ne l’ignore puisqu’il se parle partout dans le pays et ce sont les jeunes qui l’emploient le plus.
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Pour de nombreuses personnes, le francanglais est un langage de voyous et de bandits. «Je ne fais pas confiance aux jeunes qui emploient ce langage. Pour moi, ce sont des bandits qui ne veulent pas que les autres personnes comprennent le contenu de leur conversation», déclare une dame à Yaoundé.
Faux rétorque une jeune dame qui soutient que chaque époque de la vie a ses propres réalités. Pour elle, les jeunes ont fait corps avec un langage qui différencie leur époque de la génération précédente. «Quand les jeunes sont entre eux, ils veulent au maximum profiter de leur jeunesse et le langage fait partie de leur vécu. C’est ce qui m’arrive lorsque je suis avec mes amis», martèle-t-elle.
Il faut rappeler que le francanglais n’est pas seulement une affaire de jeunes. Même certaines personnes âgées l’emploient aussi bien dans les rues qu’en entreprise. Mais la majorité des parents ne souhaite pas que leurs enfants emploient régulièrement le francanglais, de peur qu’ils n’apprennent correctement ni le français ni l’anglais.