Rasmané Zinaba, 37 ans, militant du mouvement Le balai citoyen, une organisation de la société civile, vient compléter la liste des civils réquisitionnés pour combattre le terrorisme aux côtés des forces armées. Une mesure entrée en vigueur en avril 2022 et qui ne cesse d’alimenter les débats depuis que le gouvernement s’est engagé à combattre le terrorisme jusqu’à son dernier retranchement.
Malgré le cadre légal, la décision ne fait pas l’unanimité. Des Burkinabè reprochent aux autorités de Transition une pratique aux antipodes de la démocratie.
«Je suis contre les réquisitions. Nous sommes dans une société où chacun à un rôle défini. La fonction des militaires, c’est de défendre le territoire; Je suis un enfant de Thomas Sankara. Il n’a sans doute pas été parfait, mais je ne pense pas qu’il est allé jusqu’à cet extrême là», justifie Bertrand Dabiré, un citoyen.
Ce 21 février, soit 24 heures après le cas Zinaba, Bassirou Badjo, un autre militant du mouvement Le Balai citoyen a été réquisitionné par les autorités. Pour Abdoulaye Tapsoba, ces réquisitions sont justifiées par le contexte d’insécurité qui exige également de la discipline de la part de la population.
«Il faudrait que tout un chacun mette y mette du sien pour qu’ensemble nous puissions sauver ce qui nous est cher. Donc je m’aligne. C’est un acte de solidarité et pas forcément une sanction», estime Abdoulaye Tapsoba.
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Avant eux, le même sort a été réservé à une dizaine de civils, dont le médecin Arouna Louré, le journaliste Issaka Lingani ou encore l’homme politique Ablassé Ouédraogo pour ne citer que ceux-là. Pour M. Traoré, le décret de mobilisation générale ne fait aucune discrimination entre les citoyens. Par conséquent, tous les Burkinabè sont des Volontaires pour la défense de la patrie d’office.
Le 20 avril 2023, le président de la transition a signé le décret de mobilisation générale qui permet aux autorités de mobiliser tout jeune de 18 ans ou plus, apte physiquement, peut être appelé à s’enrôler pour participer à l’effort de guerre.
«Si tu dénigres ou donnes des conseils depuis Ouagadougou, dans les bureaux, tu ferais mieux de partir toi même au front pour voir ce qui s’y passe réellement. Les autorités doivent continuer à réquisitionner ceux qui critiquent les actions du gouvernement», soutient-il.
Des organisations de défense de droits humains ont dénoncé le caractère humiliant de certaines vidéos de civils visibles sur les réseaux sociaux pendant leur formation militaire avant de les envoyer au front. Une démarche soutenue par d’autres organisations de la société civile qui ne cessent de fustiger les autorités de Transition au sujet de cette mesure controversée.