L’opération, justifiée par un projet de construction d’une cité administrative d’«utilité publique», a été menée selon les déguerpis avec une brutalité inacceptable. Edgard Lassy, secrétaire du collectif des sinistrés, s’écrie «nous avons l’impression que ce gouvernement traite notre problème comme un épiphénomène, alors que c’est notre réalité. Être à la rue, avoir tout perdu… c’est insupportable aujourd’hui» dit-il. Les quartiers les plus touchés sont Plaine-Orety et Derrière l’Assemblée.
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Bien qu’une commission ait été créée à la demande du président de la République pour recenser les victimes et évaluer les indemnités, les travaux piétinent. Les expulsés dénoncent l’absence de transparence et l’inertie bureaucratique, notamment au ministère de l’Habitat. «Le gouvernement a distingué deux zones: ceux déjà en attente d’indemnisation, et ceux du carrefour Mackjoss, pourtant expulsés sans préavis. Nous exigeons réparation», explique Antoine Nguema, porte-parole des déguerpis.
Si certains ont trouvé refuge chez des proches, d’autres endurent un calvaire quotidien. Comme Florence Angue Assoumou, septuagénaire, symbole d’une urgence sociale presque ignorée. «Depuis les démolitions, mes enfants et moi dormons sur le trottoir. Beaucoup d’autres familles sont abandonnées sans aide.»
Alors que les premières pluies menacent, l’absence de réponse institutionnelle fait craindre une catastrophe sociale amplifiée.