Un business hiérarchisé, où la récupération se fait au rythme des arrivées des acheteurs étrangers. Les sociétés chinoises paient au kilo, mais les marges restent étroites.
«Ici, on travaille en équipe, les uns repèrent les câbles électriques pour le cuivre, d’autres cassent le béton pour en extraire le fer, et moi je supervise les prix avec les Chinois. Si tu veux survivre, tu dois respecter les règles du groupe», explique Barthélemy Mabicka, au milieu des blocs de ciment.
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Phrane, comme beaucoup ici, vit un déchirement: gagner sa vie sur les vestiges d’une démolition qui a frappé les plus précaires. «Franchement, c’est pas glorieux… J’ai mal quand je vois des anciens voisins partir et nous, on fouille leurs maisons détruites. Mais sans diplôme, même les petits boulots sont difficiles. Alors… nous sommes obligés de le faire».
Une activité qui, malgré tout, offre un semblant de stabilité et évite à ces jeunes de sombrer dans l’oisiveté ou la délinquance. «Ça paie pas des masses, mais au moins, tu traînes pas dans la rue à voler ou à fumer. Mon père dit que le travail, même dur, permet de rester digne. Bon… après, faut pas trop calculer!», confie Junior Ombango membre du collectif des recycleurs.
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Dans l’attente d’emplois durables, ces ruines sont devenues une ressource. Mais jusqu’à quand? À Libreville, la ferraille nourrit son homme… sans toujours lui redonner sa fierté.