Mali. Maroquinerie en peau de reptiles: un art ancestral qui se lézarde

Les cuirs exotiques et la fabrication d'objets artisanaux au Mali.

Le 02/10/2025 à 11h52

VidéoGrain unique, pigmentation naturelle, star du luxe... les qualificatifs ne manquent pas lorsqu’il s’agit d’évoquer la maroquinerie à base de peau de reptiles. Au Mali, cet art jadis prisé des touristes et qui donne à l’artisan un sentiment d’utilité, souffre actuellement de plusieurs maux et se rétrécie comme peau de chagrin.

Peau de serpent, de varan, de crocodile... autant de reptiles qui servent de matière première aux artisans qui en font des ceintures, portemonnaies, chaussures, sac à main...

Selon Seydou Niaré, technicien artisan, se désole de la raréfaction des peaux en raison du contexte sécuritaire, «il y a aujourd’hui une rupture de la matière première à cause de l’insécurité. Ajouté à cela, l’augmentation des prix des différents intrants. La boîte d’1 kg de colle que j’achetais à 1.900 fcfa vaut actuellement 3.500 fcfa, voire 3.600».

Mêlant tradition et innovation, l’artisanat dans sa diversité est «un espace refuge et qui donne à une partie importante de la population malienne un sentiment d’utilité dans la société" comme le souligne l’étude publiée en 2023 par le gouvernement malien sur le poids économique et social de l’artisanat. Il en ressort que ce secteur «représente entre 11 et 13% de la production nationale brute sur la période 2015-2019 et contribue pour 24% à la valeur ajoutée du pays.»

C’est donc convaincu de l’importance de sauvegarder cette richesse sociale et économique que Seydou Niaré en appelle aux pouvoirs publics «il est temps que l’Etat s’intéresse au secteur de l’artisanat pour encourager la jeunesse à s’intéresser à ce secteur, source de développement économique».

Son confrère Tidiane Soumbounou regrette «en ces temps de vaches maigres, la clientèle se fait rare. L’artisanat connaissait une grande popularité grâce aux touristes dont certains effectuaient des achats conséquents et accordaient même souvent des prêts pour soutenir les artisans. Actuellement, ces visiteurs se font de plus en plus rares».

En attendant que la situation sécuritaire se rétablisse, la même étude gouvernementale indique que l’artisanat souffre de certaines difficultés qui sont, entre autres, le niveau de formation des artisans, le manque d’équipement, le financement, l’accès aux marchés et l’invasion du marché intérieur par des produits de seconde main.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 02/10/2025 à 11h52