Une virée matinale au marché de Dar-Es-Salam de Niamey, l’un des plus fréquentés du pays, permet de constater que la circulation, contrairement à son habitude, est fluide. Les poussepousses et les charretiers semblent avoir déserter les lieux. C’est que la municipalité a mis un terme à leur activité aux abords comme à l’intérieur de ce marché où le client peut s’approvisionner en tout.
Le 7 octobre, l’administrateur délégué de la capitale, le Colonel Boubacar Soumana Garanké, avait annoncé qu’il est désormai interdit aux charretiers et pousse-poussiers de s’installer, stationner ou exercer leurs activités à l’intérieur et aux abords des marchés.
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Cependant, cette mesure n’est du goût de tout le monde. «Les charretiers sont à l’origine de l’encombrement au niveau des marchés. Je salue cette décision qui traduit le sens de la responsabilité des autorités de la ville», explique Hassan Issaka, conducteur de Taxi à Niamey.
Autre métier, autre opinion. Oumar Mahamadou est commerçant au marché Dar- Es-Salam. Dans cet espace qui propose divers produits alimentaires et manufacturés, Oumar estime que les charretiers constituent un maillon indispensable à son commerce. «Je pense qu’au lieu d’interdire, il faut essayer de recadrer l’activité de ces jeunes. Ils sont indispensables à nous les boutiquiers, et même pour les clients. Ce sont ces jeunes qui acheminent la majorité des produits que nous vendons que certains clients revendent aux alentours du marché», explique.
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Dans leur communiqué, les autorités de la capitale ont également mis l’accent sur les sanctions encourues pas les contrevenants: saisie de la charrette, amende administrative dont le montant sera fixé par la régie municipale, et, en cas de récidive, une interdiction d’accès temporaire ou définitive aux zones de commerce.
Mais que pèsent ces avertissements devant la nécessité vitale de gagner dignement sa vie. Souraji Daouda, charretier à Niamey, se pose plein de questions sans trouver de réponses. «C’est grâce à cette activité que je gagne ma vie. J’aide aussi mes parents restés au village. Si on nous demande d’arrêter, on doit faire quoi alors?» se demande-t-il.
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Au marché Dar-Es-Salam, certains pousse-poussiers espèrent que les autorités de leur ville reviennent sur leur décision car synonyme de chômage annoncé. «Nous estimons que les autorités municipales devraient revenir sur cette décision. L’interdiction de cette activité prive ceux qui la pratiquent de leur gagne pain quotidien. Ce métier est exercé à une écrasante majorité par les jeunes que nous sommes», se désole Ibrahim Nafiou, également charretier.
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Cette mesure qui ne trouve pas que des échos favorables intervient «malgré les efforts en cours pour améliorer la situation, la pauvreté reste un défi majeur. En 2025, plus de 2,6 millions de personnes ont besoin d’aide» rapporte la Banque mondiale.