Maroua, épicentre de la précarité au Cameroun: depuis 30 ans, une association accompagne femmes et jeunes filles

Le Centre Avenir Femme de Maroua.

Le 21/11/2024 à 09h17

Que peut bien faire le Centre Avenir Femme dans une des régions les plus pauvres du pays où la rigueur du climat, la dégradation des sols, le faible niveau d’éducation, l’enclavement touchent en particulier les femmes? Le360 Afrique s’est rendu à Maroua à l’extrême nord du Cameroun. Reportage.

Déscolarisation, mariages précoces et forcés, grossesses non souhaitées, mortalité maternelle, infantile et néonatale... ternissent l’image des trois régions septentrionales du Cameroun depuis des décennies. Il s’agit des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême nord considérées comme les régions prioritaires pour toute action humanitaire. En janvier 2020, la Banque mondiale rapportait que «Depuis des années, la pauvreté se concentre de plus en plus au nord du Cameroun. Plus précisément dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord où la rigueur du climat, la dégradation des sols, le faible niveau d’éducation, en particulier chez les femmes, ou encore l’isolement et un accès limité aux marchés enferment ces territoires et leurs populations dans la spirale de la pauvreté

Le Septentrion, qui représente plus d’un tiers de la superficie du pays et concentre 34 % des 28 millions d’habitants, est l’une régions les plus pauvres du Cameroun. En 2022, la cinquième enquête camerounaise auprès des ménages révélait que s’agissant de la pauvreté «les taux les plus élevés sont enregistrés dans les régions d’enquête de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Nord.» Au niveau national, le taux de pauvreté à la même date était de 37,7% et touchait 38% des femmes.

Dans ce contexte difficile, des femmes ont fédéré leurs efforts pour créer un centre de formation, d’éducation et de réinsertion des femmes et des jeunes filles.

Il s’agit du centre Avenir Femme créé en 1996 dans la ville de Maroua, Chef-lieu de la région de l’extrême nord situé à plus de 1000 kilomètres de la capitale Yaoundé. «Avenir Femme» prend aussi en charge les réfugiées nigérianes et centrafricaines, les déplacées internes du fait des exactions de Boko Haram et de quelques tchadiennes installées au Cameroun.

De nombreuses femmes et filles sont déjà établies à leurs propres comptes dans les différents coins de la région, à l’exemple de Maing Haoua Agnès, apprenante en industrie d’habillement et devenue cheffe d’entreprises: «J’avais connu Avenir Femme à travers les filles de mon quartier. Je m’étais alors approchée de la présidente qui m’avait aussitôt acceptée. Au terme de ma formation, j’ai bénéficié d’un petit financement qui m’a permis de m’acheter deux machines à coudre. Avec mes économies, j’ai renforcé mon atelier de couture où j’emploie actuellement d’autres femmes et filles», a-t-elle témoigné.

Avenir Femme de Maroua forme les jeunes en hôtellerie, broderie, industrie d’habillement, tricotage, informatique et bureautique. En plus de ces formations, les jeunes filles bénéficient de séances éducatives, sensibilisation et réseautage. Sa présidente et son staff managérial souhaitent voir d’autres salles d’encadrement sortir de terre mais sont heurtés au manque des moyens.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 21/11/2024 à 09h17