Cette manifestation placée sur le thème de «La protection des milieux marins, terrestres, la préservation des ressources halieutiques et des parcs naturels» a donné a lieu à de riches échanges. La Mauritanie est dotée d’une façade Atlantique de 700 kilomètres, l’une des plus poissonneuses du monde. Cependant, le pays est confronté à la surpêche, aux usines de fabrication de farine de poissons (Moka) et des risques de pollution marine. À ces dangers, est venu se greffer le démarrage d’un important projet d’exploitation de gaz naturel en plus de la découverte plus récente, de l’important site gazier de Birallah.
Mansour Bahaida, président de Zakia se réjouit de la célébration des 26 ans, d’une organisation créée par feu son père «c’est une célébration qui a permis de présenter les efforts déployés par Zakia depuis 26 ans pour la protection de l’environnement terrestre et marin et la préservation des ressources halieutiques. Nous avons obtenu des résultats importants dans le cadre du partenariat avec Greenpeace, Feed-back. Grace à ce travail, nous avons fait chuter le nombre des usines de farine de poissons de plus de 50 à seulement 11 actuellement.»
Longtemps dénoncées, les usines de production d’huile et de farine de poisson destinées à l’alimentation des ruminants et à l’aquaculture notamment eu Europe, font peser de réels risques sur le stock pélagique. Surtout qu’en Mauritanie la pêche maritime est l’un des secteurs les plus productifs et contribue à hauteur de 25% aux exportations totales du pays et crée plus de 220.000 emplois directs et indirects.
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Dans un rapport publié en 2021, la Fondation Changing Markets et Greenpeace Afrique rapportent que «la Mauritanie est le premier exportateur de farine et d’huile de poisson, et le principal fournisseur du marché européen. Elle produit plus de 110.000 tonnes de farine de poisson, dont 18 % sont exportées vers l’UE, mais aussi près de 35.000 tonnes d’huile de poisson, dont plus de 70 % sont destinées à l’UE.» Pour mesurer l’impact écologique et social de telles usines, il faut avoir à l’esprit que pour fabriquer une tonne de farine de poissons il faut 4 à 5 tonnes de poissons.
Dans un effort de réduire le tonnage réservé à l’industrie, le ministre des Pêches avait annoncé en 2023 que «l’objectif était d’atteindre le seuil de 4.000 tonnes par usine et par an. C’est cette limite qui est en vigueur depuis 2020.» Aucune nouvelle autorisation n’a été donnée pour l’ouverture d’une usine depuis 2019, selon le ministre.
L‘industrie de la farine et d’huile de poisson utilise principalement les sardinelles rondes et plates et le bonga considérés en état de surexploitation par la FAO qui a alerté sur la nécessité de réduire de 50% l’effort de pêche de toutes les espèces de sardinelle.
Bekaye Samba Sy, secrétaire général de l’ONG Zakia, a surtout souhaiter «sensibiliser la classe politique, les intellectuels et les ONG, sur les dangers que représentent ces usines de farine de poissons (Moka)», expliquant que cette activité «n’est pas une valorisation des ressources halieutiques, mais plutôt un gâchis, une sous-valorisation» dans le cadre d’une activité aux conséquences environnementales, économiques, sociales et sanitaires néfastes.
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Plus généralement, en Afrique de l’Ouest quelque 500.000 tonnes de poissons qui pourraient finir dans l’assiette de 33 millions de personnes sont transformées chaque année en farine et huile de poisson. Ce phénomène n’affecte pas seulement les pays côtiers mais «cette pratique compromet non seulement la sécurité alimentaire des communautés côtières en Mauritanie, au Sénégal et en Gambie», mais privent aussi «celles continentales du Mali et du Burkina Faso, d’une de leurs principales sources de protéine» avertit Greenpeace.