Dans son salon de coiffure, en plein cœur de la ville de Niamey, Robert Karen vient tout juste d’achever une opération d’augmentation de cheveux artificiels à la coiffure d’une cliente.
Véritable phénomène de mode depuis un moment au Niger, les faux cheveux s’imposent dans la majorité des salons de coiffure pour dames. «Les jeunes dames et jeunes filles ont de plus en plus recours aux perruques et mèches parce que c’est moins cher que d’entretenir naturellement ses cheveux dans un salon de coiffure », explique Robert Karen.
Le professionnel avance d’autres raisons: «Cela embellit la femme brièvement parce qu’on ne peut pas les porter tout le temps. Les tarifs des mèches et perruques varient entre 4.000 FCFA et 600 000 FCFA sur le marché nigérien. Et vous savez, les gens vont à plusieurs cérémonies les weekends, donc les femmes préfèrent ces perruques qui sont faciles à manipuler».
Le coiffeur reconnait cependant que la pratique n’est «pas sans danger aussi».
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Le Niger est, comme beaucoup d’autres pays du continent, un marché à fort potentiel pour ces produits essentiellement importés. Perruques et mèches naturelles ou artificielles, il s’en trouve de plus en plus dans les boutiques spécialisées. Les tarifs peuvent parfois donner le vertige, variant de 4.000 FCFA à plus de 500 000 FCFA.
Au Niger, c’est devenu un débat public et l’usage des mèches et des perruques par les femmes est vu d’un mauvais œil par une bonne frange de la population. «Vous verrez des femmes en porter et les garder plusieurs jours et semaines sur la tête, au point où l’odeur devient insupportable pour son entourage», déclare Yacouba Harouna, étudiant.
«Honnêtement, pour être belle, on n’a pas besoin de mèche ni de perruque. La femme est naturellement belle si elle prend bien soin d’elle. Les femmes qui utilisent des mèches ont le plus souvent des cassures de cheveux à la devanture de la tête», explique Souleymane Issaka Kadjidjatou.
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Par ailleurs, il faut aussi noter que l’islam, religion prédominante au Niger, condamne cette pratique d’utilisation des perruques et extensions. «L’utilisation des mèches ou des perruques est un péché en Islam. Le prophète Mohamed paix et salut sur lui a dit: ‘tout celui ou celle qui utilise des cheveux autres que ses propres cheveux est maudit’. Donc l’islam condamne les mèches et les perruques mais aussi des parures artificielles comme les tatouages», déclare Ouwessou Nouhou Maiga, enseignant d’une école coranique.
Selon des statistiques d’Euromonitor international, les femmes africaines dépensent environ 6 milliards de dollars par an en cheveux secs, notamment les tissages, les perruques et les extensions. L’Afrique du sud, le Nigeria et le Cameroun dépensent à eux seuls 1,1 milliard de dollars par an en produits de soins capillaires, selon la même source.