Niger: «Mêmes les médicaments n’y échappent pas», les prélèvements du Fonds de solidarité ne font plus l’unanimité

Le 10/11/2025 à 14h14

Le 22 octobre dernier, le Gouvernement a fait part de son intention d’élargir les sources de prélèvement du fonds de solidarité pour la sauvegarde de la Patrie, conçu pour contrecarrer les sanctions économiques infligées au pays suite au putsch de 2023. Si dans leur majorité les Nigériens sont favorables, en revanche, d’autres estiment que «c’est trop».

Au Niger, depuis la création du fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie, le 11 octobre 2023, hormis les contributions volontaires, les citoyens sont soumis à des prélèvements sur les forfaits téléphoniques, les abonnements Canal+, les tickets de transport et récemment un autre prélèvement de 1% sur les salaires mensuels a été instauré.

Récemment encore, le Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie a initié d’autres prélèvements sur les appels téléphoniques, les ordonnances médicales, les billets de transport et tout dernièrement sur les salaires mensuels des travailleurs du public et du privé.

Cette multiplication des prélèvements qui vise surtout à renforcer la souveraineté financière du pays bénéficie de l’adhésion de l’écrasante majorité des citoyens. «C’est vraiment une bonne idée. Je pense que tous les citoyens doivent contribuer pour la refondation du pays», explique Mohamed Tawaye.

Partageant cette même conviction, Mamoudou Tinni habitant la capitale Niamey, pense que la patrie vaut bien plus que 1% de son salaire. «J’estime que donner 1% de son salaire n’est rien d’autre qu’un acte patriotique. Je m’engage à y participer autant que possible au fonds de solidarité car il y va de la dignité de notre cher pays».

Par contre, nombreux sont ceux qui estiment que ces prélèvements sont trop lourds à supporter par les citoyens. «Je pense qu’ils doivent revoir le système de prélèvement, car quand c’est trop ça devient autre chose», explique Allassane Amadou, citoyen nigérien.

Chaibou Allou déplore quant à lui le recours aux prélèvements sur les ordonnances médicales, déjà difficiles à payer «je suis vraiment contre les prélèvements sur les ordonnances médicales. Parfois, on ne dispose même pas de l’argent nécessaire pour l’achat des médicaments prescrits. Avec ces prélèvements on est obligé de payer 200 FCFA de plus. Je pense qu’ils doivent revoir cette décision».

Après deux années de mise en œuvre, le fonds à réussi à mobiliser 33,186 milliards de FCFA. Cette somme est notamment injectée dans le renforcement des capacités des Forces de défense et de sécurité pour une lutte efficace contre la menace sécuritaire.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 10/11/2025 à 14h14