À Ouagadougou comme dans beaucoup de capitales africaines, le manque de toilettes publiques préoccupe de nombreux Burkinabè. Adama Sawadogo, un habitant de la capitale, admet avoir été à plusieurs reprises contraint de recourir à la défécation à l’air libre, «véritable arme de destruction massive d’eaux vives, rivières, lacs et littoraux» pollués par les eaux usées non ou mal traitées.
«C’est une situation difficile que nous vivons à Ouagadougou en raison de l’absence de toilettes publiques en ville. S’il y a des bonnes volontés qui peuvent aider à résoudre ce problème, ça serait salutaire. Nous sommes souvent obligés de solliciter les toilettes privées pour nos besoins», relate ce citoyen.
Une réalité aussi lourde de conséquences pour Moussa, qui estime que la réalisation des toilettes publiques incombe aux municipalités. Selon lui, ce sont les autorités locales qui doivent garantir aux populations des conditions de vie saine, «il arrive qu’un citoyen veuille se soulager mais se trouve vite confronte à la réalité. S’il y a une possibilité de doter la ville de toilettes publiques, ça serait bénéfique pour tous. C’est une question naturelle et cela y va de notre intérêt à tous», dit-il.
Le Burkina Faso et sa capitale ne sont les seuls à souffrir du manque d’un réseau d’assainissement hygiénique. D’après le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) «120 millions de personnes pratiquent la défécation à l’air libre en Afrique de l’Ouest et du Centre. La région représente 33% de la défécation à l’air libre dans le monde. Cette pratique a des conséquences négatives sur la santé, sur la dignité et la protection des femmes et des enfants, ainsi que sur l’économie.» En Afrique, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 8% des décès sont dus à des diarrhées déclenchées par la présence dans l’eau de bactéries, de parasites et de bacilles contagieux. La bilharziose, la diarrhée, la typhoïde, les hépatites ou le choléra, toutes ces maladies sont dues à un assainissement défectueux.
Pour résorber le problème, les autorités ont pris des mesures pour doter les principales villes de toilettes publiques mobiles. À côté de cette initiative, plusieurs marchés de la capitale disposent aujourd’hui de toilettes publiques.
Toutefois, les toilettes publiques restent insuffisantes. Un appui porté par les populations elles-mêmes pourrait permettre de réaliser des latrines supplémentaires dans les villes du pays. C’est du moins ce que pense Omar, un autre citoyen.
«Nous manquons réellement de toilettes dans la ville. J’ai pour habitude d’utiliser les toilettes des mosquées. Mais je pense qu’on ne devrait pas attendre que les autorités en construisent pour nous. Nous pouvons les faire nous-même. Nos quartiers regorgent de personnes financièrement capables de nous en doter», affirme Omar Ouédraogo, un autre citoyen.
L’absence de toilettes publiques présente un risque réel pour la santé des habitants, qui ont parfois recours à des alternatives en plein air pour se soulager. Face à ce phénomène qui est encore loin d’être définitivement résolu, certains acteurs appellent à la vulgarisation des toilettes mobiles. Une opportunité qui s’offre aux entrepreneurs de contribuer à régler ce problème de santé publique en Afrique. Le sujet est d’une importance vitale. En 2013, l’ONU a décrété le 19 novembre Journée internationale des toilettes .