A Lubero, une localité vers laquelle progresse le M23, à 250 km au nord du chef-lieu provincial Goma, pris le 28 janvier, des habitants terrorisés ont signalé à l’AFP des soldats congolais en débandade tirant dans la ville et se livrant à des pillages.
«Je demande à tous les militaires qui ont déserté le front et traînent à Lubero et ses environs, qu’ils retournent auprès de leurs chefs», a lancé le colonel Mak Hazukay, un porte-parole de l’armée dans la région, dans un message audio diffusé par plusieurs radios.
«Un militaire ne fuit pas seul mais en groupe, avec ses compagnons et son supérieur hiérarchique. Un militaire ne peut pas abandonner son supérieur ou son group», a poursuivi le colonel Hazukay.
Un journaliste local à Lubero a raconté à l’AFP que des «militaires fuyards avaient ouvert le feu dans le centre» de la ville et «pillé des boutiques et des magasins».
Plusieurs habitants joints par l’AFP ont confirmé tirs et pillages de la part de soldats congolais en déroute.
Des militaires congolais «ont pillé les boutiques pendant leur fuite», a expliqué Katembo Samson.
«Nous étions en train de quitter Lubero pour Butembo», à 45 km plus au nord; A mi-chemin, «les militaires congolais que nous avons croisés (...) nous ont dépouillés: téléphones, argent et d’autres biens. Si tu hésites ils tirent», a raconté Aline Nyota.
Lire aussi : RDC: l’aéroport de Bukavu aux mains du M23 allié à des troupes rwandaises
Accompagnées de chars, des troupes ougandaises - pays voisin situé de l’autre côté du lac Edouard -, se sont déployées à Lubero et patrouillent pour assurer la sécurité, a également rapporté le journaliste local.
Il n’était pas possible de savoir dans l’immédiat quelle sera leur attitude si les troupes du M23, épaulées selon l’ONU par des forces rwandaises, entrent dans la localité.
Alors que le M23 ne rencontre plus qu’une faible résistance depuis qu’il a pris Goma, l’armée congolaise a tenté de convaincre les fuyards qu’elle reprenait pied.
«Nous avons sérieusement frappé l’ennemi» qui «est en train de fuir. Pourquoi déserter?», a affirmé le colonel Hazukay, «il nous revient de faire preuve de résistance, de rejoindre nos positions et travailler».
Il a dénoncé les exactions de soldats en fuite et ceux qui se répandent sur les réseaux sociaux.
«Un militaire reste avec son groupe, il ne touche pas à la femme d’autrui, ne se livre pas aux pillages, il ne viole pas (...) Ces actes sont des porte-malheur», a-t-il affirmé.
«Comment expliquer qu’un militaire se mette à filmer le corps sans vie de son compagnon, ou de son chef pour le mettre dans les réseaux sociaux ou envoyer aux camarades? (...) Ces comportements sont inacceptables».