Ressources hydriques et assainissement en Afrique: l’écueil du financement toujours d’actualité

Ressources hydriques et assainissement en Afrique

Près de 420 millions d’Africains manquent d’eau potable de base, soit un habitant sur trois.

Le 02/03/2023 à 14h56

VidéoPar manque d’eau, les centres de santé travaillent dans des conditions difficiles. Dans les écoles, personnel et élèves peinent à faire leur toilette. Dans les zones rurales, les enfants parcourent des kilomètres pour rapporter de l’eau dans leurs foyers. Des problématiques auxquelles le 21e Congrès international de l’eau et exposition d’Abidjan tente d’apporter des solutions.

La raréfaction des ressources hydriques interpelle experts et acteurs du secteur de l’eau et de l’assainissement. Ils se sont réunis dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan, à l’occasion du 21e Congrès international de l’eau et exposition organisé par l’Association Africaine de l’Eau et de l’Assainissement (AAEA). Cette manifestation est couplée à la 7e Conférence sur la gestion des boues de vidange afin de trouver des solutions idoines pour relever le défi, celui de garantir à tous l’accès à l’eau et l’assainissement comme le préconise le «6e Objectif du développement durable». Cette rencontre s’est tenue autour du thème, «Agir pour une gestion durable des ressources et un accès pour tous à l’eau et l’assainissement».

Présidé par le Premier ministre ivoirien, Patrick Achi, ce rendez-vous a été une nouvelle occasion de réunir les meilleurs experts, ingénieurs, techniciens, chercheurs et acteurs du monde entier pour apporter des solutions aux préoccupations des concitoyens, dans un monde où les défis de l’eau et de l’assainissement sont multiples.

Les échanges lors de ce conclave ont porté sur les services et la fourniture d’eau et d’assainissement en Afrique, le développement des infrastructures, l’amélioration des performances des services publics et l’impact des changements climatiques sur la sécurité des ressources hydriques.

L’accent a été mis sur les mécanismes de financement et les instruments spéciaux des institutions financières susceptibles d’apporter l’appui financier conséquent au secteur de l’eau et de l’assainissement en Afrique. Il s’est agi notamment de la «Facilité africaine de l’eau et de ses instruments», y compris le fonds d’investissement pour l’assainissement urbain en Afrique.

«En ce moment stratégique où l’Afrique est à la fois le continent où la croissance démographique est la plus forte, le territoire qui sera le plus impacté par l’ampleur du réchauffement climatique et la partie de la planète où les ressources en eau potable sont les moins bien exploitées, la question de l’eau doit être au cœur des préoccupations de chacun, décideurs publics et privés, partenaires du développement, acteurs socio-économiques (...). Au cours des deux prochaines décennies, l’Afrique devra intensifier son combat pour l’eau potable et l’assainissement, le 6ème OMD des Nations Unies, car la pérennité de son développement en dépend. Et nous savons que de telles assemblées, de tels rassemblements d’expertise, permettront de faire avancer ce combat avec clarté, cohérence et innovation», a déclaré le Premier ministre ivoirien, tout en notant que les questions liées à l’eau doivent impérativement être accompagnées de celles liées à l’assainissement. D’où l’importance du changement de la dénomination de l’AAE (Association africaine de l’eau) à celle de AAEA (Association africaine de l’eau et de l’assainissement).

Il a par ailleurs ajouté que près de 420 millions d’Africains manquent encore d’un service d’eau potable de base, soit un habitant sur trois et que 780 millions ne disposent pas de services d’assainissement, soit plus d’une personne sur deux. Ce qui provoque, en Afrique subsaharienne, la mort de plus de 500 enfants de moins de 5 ans par jour à cause de maladies diarrhéiques liées au manque d’eau et d’hygiène.

Evoquant le rapprochement entre l’assainissement et l’agriculture, secteur pivot de la plupart des économies africaines, le ministre ivoirien de l’Hydraulique, de l’assainissement et de la salubrité, interpelle les uns et les autres sur les comportements non-citoyens qui concourent à la dégradation des facteurs de l’assainissement.

«En Côte d’Ivoire, près de 90% de la population en est encore à l’assainissement autonome (…). Le milieu rural en Afrique représente près de 50% de la population du continent. Plusieurs insuffisances en assainissement sont à noter, notamment la défécation à l’air libre, des facteurs qui ont un impact négatif sur les bénéfices en matière de santé publique», déplore Bouaké Fofana.

Pour sa part, la directrice exécutive de la FSMA, Jennifer Williams, indique que l’organisation veut promouvoir l’accès universel à l’eau et à l’assainissement, en créant des plateformes où il y aura des échanges d’acteurs du secteur et une synergie d’actions. C’est à juste titre que le président de l’AAEA, Silver Mugisha, renchérit en ces termes : «nous devons créer un cadre d’échange sur la résilience climatique afin de renforcer la gouvernance du secteur (…)». Il a appelé à l’élaboration de plans stratégiques et à un financement plus adéquat.

Le 21e Congrès international de l’eau et de l’assainissement a suscité de l’intérêt d’un grand nombre de pays africains avec la participation de 4.000 intervenants entre décideurs politiques, économiques, financiers, opérateurs de l’eau et de l’assainissement, exposants, ou chercheurs, représentants de la jeunesse et des femmes. Les participants à ce Congrès représentent des États, des collectivités territoriales, des opérateurs publics ou privés.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 02/03/2023 à 14h56