Résurgence inquiétante du choléra en Afrique dans un contexte de pénurie de vaccins

Des malades du choléra dans un centre de soin.

Le 23/05/2023 à 16h59

Le choléra fait son apparition dans de nombreux pays africains. Facteur aggravant, cette maladie intervient dans un contexte de pénurie de vaccins anticholériques et qui devrait durer jusqu’en 2025, selon l’Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI). Cette situation illustre une fois de plus la nécessité de la réduction de la dépendance du continent vis-à-vis des importations de vaccins, l’Afrique ne produisant que 1% de ses besoins.

Délaissée au cours de ces trois dernières années à cause de la pandémie du Covid-19, de nombreuses maladies réapparaissent en Afrique avec leurs lots de morts. Le choléra touche actuellement de nombreux pays d’Afrique subsaharienne, notamment centrale et australe.

Durant l’année 2022, le choléra a été signalé dans une trentaine de pays dans le monde dont une grande partie en Afrique. Depuis le début de 2023, ce sont 24 pays qui ont signalé des flambées de cas de choléra, selon l’ONU. Parmi les pays africains où la maladie est signalée figure, entre autres, l’Afrique du Sud, le Malawi, la RDC, le Cameroun, le Mozambique, le Nigeria, l’Eswatini, le Kenya, l’Ethiopie, la Zambie, le Burundi, la Tanzanie, le Zimbabwe, le Soudan du Sud…

Selon les données les plus récentes, en Afrique du Sud, dans la province de Gauteng, la plus peuplée du pays avec Johannesburg et Pretoria, 19 nouveaux cas ont été annoncés le dimanche 22 mai dont 10 décès, à Hammanskraal.

A noter que chaque année 1,3 à 4 millions de cas de choléra sont signalés dans le monde, dont une grande partie en Afrique, entrainant entre 21.000 et 143 000 décès.

La transmission de la maladie se fait principalement par des aliments ou de l’eau contaminée. La situation risque de s’aggraver dans d’autres pays à cause des conflits et leurs contingents de déplacés, comme c’est le cas de la Corne de l’Afrique oû le changement climatique provoque des catastrophes naturelles (inondations, cyclones...)

Le choléra provoque des diarrhées aiguës, des vomissements et peut entrainer la mort en quelques heures en absence de traitements appropriés. Malheureusement, il y a des craintes à ce que le taux de morbidité augmente en raison de la pénurie de vaccins contre le choléra.

L’alerte a été donnée par l’Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI), organisation basée à Genève et qui regroupe des partenaires privées et des agences de l’ONU (OMS, Unicef…) et la Banque mondiale. Cette dernière annonce que cette pénurie de vaccins contre le choléra s’explique par l’apparition d’autres épidémies, surtout le Covid-19, qui ont orienté les efforts vers la production de vaccins. Cela d’autant plus que le choléra est aujourd’hui une maladie qui surgit essentiellement dans les pays pauvres du monde.

Première conséquence, cette pénurie empêche la réalisation de campagnes de vaccination préventives à grande échelle dans les pays africains où le choléra est endémique. «La tendance est alarmante: il faudra environ 10 millions de vaccins de plus pour lutter contre les épidémies en 2021 et 2022 que pendant toute la décennie précédente», a indiqué GAVI dans son communiqué.

Toutefois, la situation devrait changer à l’horizon 2025-2026, selon GAVI grâce à l’augmentation des investissements et à l’arrivée de nouveaux fabricants sur le marché des vaccins.

Cette nouvelle donne illustre la nécessité impérieuse pour les pays africains de prendre leur destin en main et sécuriser leur approvisionnement en vaccins, notamment pour les maladies qui n’apparaissent désormais que presque au niveau du continent, comme c’est le cas du choléra.

Malheureusement, le continent continue de dépendre des importations. En effet, l’Afrique ne produit annuellement que 1% de ses besoins en vaccins.

La situation devrait toutefois évoluer positivement grâce aux nombreux projets d’implantation d’unités de production de vaccins dans de nombreux pays dont le Maroc, le Rwanda, le Sénégal, l’Egypte… Au Maroc, le mégaprojet baptisé Sensyo Pharmatech, constitue une véritable réponse à la réduction de la dépendance africaine à l’égard des importations de vaccins.

A l’horizon 2025, cette unité assurera la fabrication de plus de 20 vaccins et produits bio-thérapeutiques couvrant une partie non négligeable des besoins du continent. Au Rwanda, six unités mobiles de production de vaccins sont en activité pour produire des vaccins à base d’ARN messager en partenariat avec le laboratoire allemand BionTech.

C’est également le cas aussi du Sénégal et de l’Afrique du Sud où des installations identiques sont en cours de réalisation. Quant au Kenya, l’américain Moderna compte y investir 500 millions de dollars pour la production de vaccins à base d’ARN messager.

L’aboutissement de tous ces projets devrait permettre au continent africain de réduire de manière conséquente sa dépendance vis-à-vis des importations de vaccins. A l’horizon 2025, les importations de vaccins devraient fortement baisser et ne concerner que certains vaccins complexes à produire.


Par Moussa Diop
Le 23/05/2023 à 16h59