Le sentiment de peur se dissipe au Rwanda, notamment dans les grandes villes comme Kigali, la capitale. Avec la diminution de nouveaux cas d’infection au virus de Marburg, les gens peuvent souffler un peu. Cela fait plus de trois semaines que le Rwanda se bat contre l’un des virus les plus mortels au monde qui a déjà emporté la vie de 15 personnes sur 62 cas. La majorité des victimes étaient des professionnels de la santé, selon le ministre rwandais de la Santé, Dr. Sabin Nsanzimana.
«Nous parlons ici d’une épidémie qui a commencé dans une ville, une capitale et qui plus est dans le meilleur hôpital du pays et qui vient affecter les travailleurs de la santé les plus expérimentés dans l’unité de soins intensifs. C’est nouveau, nous en tirons les leçons et nous nous adaptons en conséquence. Je suis sûr que, dans la perspective globale de la préparation, nous allons ajuster beaucoup de choses, en particulier les systèmes de surveillance en milieu hospitalier et la manière dont nous réunissons la santé publique et la gestion des soins cliniques sur une base régulière», a souligné le ministre.
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Le virus de Marburg a été officiellement détecté le 27 septembre dans les deux meilleurs hôpitaux du pays, l’hôpital du roi Fayçal et le Centre hospitalier universitaire de Kigali (CHUK). Un peu plus d’une semaine après, le 5 octobre, le Rwanda a reçu 700 doses d’un vaccin expérimental contre le virus de Marburg en partenariat avec le Sabin Vaccine Institute des États-Unis. Bien qu’il n’existe actuellement ni vaccin ni traitement approuvé contre la maladie à virus Marburg, plusieurs candidats ont montré des résultats prometteurs lors d’études précliniques ou d’essais cliniques préliminaires selon les experts en la matière.
Répondant aux inquiétudes du public concernant la sécurité du vaccin, le ministre Nsanzimana Sabin avait déclaré: «Les gens ne doivent pas s’inquiéter. Le vaccin contre la fièvre de Marburg qui est administré a fait l’objet d’essais cliniques dans d’autres pays, notamment en Ouganda et au Kenya. Il s’est avéré bénéfique pour les personnes qui l’ont reçu».
Il a souligné que le vaccin avait atteint la deuxième phase d’essais et avait fait l’objet d’une évaluation approfondie de son innocuité et de son efficacité, conformément aux protocoles standard applicables à tous les vaccins.
Il avait également annoncé l’introduction de deux médicaments pour aider les patients souffrant de la maladie de Marburg, le Remdesivir et les anticorps monoclonaux.
Jusqu’au 21 octobre 2024, plus de 1.149 vaccins ont été administrés en commençant par les professionnels de la santé, en particulier ceux qui présentaient le risque d’infection le plus élevé. 46 personnes sont guéries et un seul patient est encore sous traitement.
Pour le directeur général de l’OMS, Dr. Tedros Ghebreyesus, qui a fait un déplacement sur Kigali, le Rwanda fait preuve d’une gestion exemplaire de cette épidémie. «L’ingrédient clé de toute réponse à une épidémie est le leadership et l’appropriation de la situation par les dirigeants, et c’est ce que j’ai vu ici au Rwanda. J’ai rencontré le président de la République et la connaissance qu’il a de ce qui se passe et des mesures qu’il prend me fait chaud au cœur», a-t-il souligné.
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Le Dr Tedros a également souligné le déploiement rapide de traitements médicaux et de vaccins et le rôle déterminant joué par les systèmes de surveillance, y compris le centre de commandement qu’il a visité, dans la gestion de l’épidémie. Selon lui, il s’agit d’éviter les restrictions de voyage ou de commerce qui pourraient nuire à l’économie du Rwanda.
Le virus de Marburg est une maladie très virulente qui peut provoquer une fièvre hémorragique cliniquement similaire à la maladie à virus Ebola. Les personnes sont infectées lorsqu’elles entrent en contact étroit avec des chauves-souris Rousettus qui peuvent être porteuses du virus et que l’on trouve souvent dans les mines ou les grottes. Le virus de Marburg se propage ensuite par contact direct avec le sang (à travers une lésion de la peau ou des muqueuses), les sécrétions, les organes ou les fluides corporels et avec les surfaces et les matériaux contaminés par ces fluides.
Dix-sept épidémies au virus de Marburg ont déjà été signalées dans le monde dans le passé. Les plus récentes ont été signalées en Guinée équatoriale et en Tanzanie entre février et juin 2023. Les autres pays ayant été précédemment touchés sont l’Angola, la République démocratique du Congo, le Ghana, la Guinée, le Kenya, l’Afrique du Sud et l’Ouganda.