Au Rwanda, chaque dernier samedi du mois, c’est le jour de l’Umuganda. De 7h du matin à 11h, sous peine d’amendes, les Rwandais mettent de côté leurs activités personnelles pour se consacrer à cette tradition unique des travaux communautaires gratuits et obligatoires pour tous dans tous les villages du pays. Personne ne circule sauf pour les cas de force majeure et ceux qui en sont dispensés pour différentes raisons.
C’est un service auquel se prêtent les hautes autorités du pays comme le président de la République Paul Kagame. Ici, il s’était joint à la population du quartier de Nyanza dans le district de Kicukiro pour les travaux de nettoyage du centre mémorial de génocide de Nyanza et ses environs. Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères, en témoigne
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«Nous sommes contents d’avoir parmi nous le président de la République pour l’umuganda de ce mois où nous avons choisi les travaux de nettoyage et d’entretien des caniveaux autour du mémorial de génocide de Nyanza qui sert de dernière demeure pour plus de 2500 victimes. C’est très important pour nous de venir nous recueillir ici et de montrer aux plus jeunes qu’il faut respecter nos morts mais de connaître l’histoire qui nous a amené à ces événements atroces pour que ça ne puisse plus se reproduire.»
La population participe aux travaux communautaires obligatoires.. le360 Afrique/Fraterne
L’Umuganda signifie «contribution» en Kinyarwanda, désigne une pratique communautaire où les citoyens se rassemblent pour effectuer des travaux d’intérêt général. Les activités planifiées incluent le nettoyage des quartiers, des routes et des caniveaux, la construction de routes, la plantation d’arbres et bien d’autres activités choisies par les responsables selon les besoins.
L’Umuganda, c’est aussi une activité qui attire des curieux de part le monde et ceux qui visitent le Rwanda pour des conférences et qui sont invités à participer. Sarah Mubiru est une philanthrope et activiste pour l’environnement qui vit en Suède. Elle est venue au Rwanda dans le cadre de son activité environnementale et ce samedi, elle participe à une campagne de reboisement d’une colline dans un autre village du district de Kicukiro. Selon elle, l’Umuganda devrait être pratiqué partout dans le monde.
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«L’Umuganda est la meilleure chose qui peut arriver à notre monde et je crois qu’on devrait le pratiquer partout. On est ici en train de planter des arbres car c’est très important et en plus ici on le fait en communauté. C’est très fort comme action car comme on n’a oublié ensemble de prendre soin de l’environnement, c’est ensemble qu’on va arriver à le restaurer»
Lors des derniers play-offs de la ligue africaine de Basketball (BAL) les différents participants se sont joints aux jeunes du quartier de Kimironko dans la ville de Kigali pour nettoyer mais aussi participer aux travaux d’extension d’un terrain de Basketball. Pour le président de la BAL, Amadou Gallo Fall, c’est important de rassembler la communauté surtout les jeunes autour d’une telle activité. «Ça fait plaisir de revenir pour entretenir ce terrain de basketball que nous avions construit l’année passée», explique-t-il.
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L’Umuganda trouve ses racines dans la société traditionnelle rwandaise. Avant l’époque coloniale, il représentait un système d’entraide où les membres de la communauté travaillaient ensemble sur des projets communs, tels que la construction de maisons ou la culture des champs. Après l’indépendance en 1962, le gouvernement a formalisé cette pratique pour encourager la participation citoyenne au développement national.
Aujourd’hui, l’Umuganda a un impact économique direct sur le pays. Selon le Rwanda Governance Board, RGB, en 2022, les projets menés dans le cadre de l’Umuganda ont été évalués à environ 10 millions de dollars. Ce chiffre représente la valeur monétaire des travaux réalisés, allant de la construction de routes et d’écoles à la plantation d’arbres et aux campagnes de nettoyage.