Sénégal. La migration irrégulière tue toujours: et si on parlait de la responsabilité des familles

Une pirogue chargée de migrants clandestins sénégalais.

Le 14/09/2024 à 09h40

Vidéo«Le malheur au malheur ressemble», comme ces pirogues qui ne finissent pas de chavirer jetant aux abysses de jeunes vies qui voulaient s’épanouir ailleurs. Les larmes des mères et les promesses des différents gouvernements semblent impuissantes devant l’attrait de cet ailleurs. À qui la faute?

La mer a encore frappé le 12 décembre, lorsque au moins 39 personnes avaient péri dans le naufrage d’une embarcation transportant illégalement des migrants vers l’Europe au large des côtes sénégalaises. Ces morts viennent allonger une liste déjà longue de jeunes migrants qui n’atteindront jamais les rives rêvées de l’Eldorado, à telle enseigne que l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dit craindre que le nombre réel de pertes humaines en mer ne soit plus élevé que les chiffres annoncés.

«L’OIM est confrontée à de nombreux défis dans la collecte de données sur l’itinéraire de l’Afrique de l’Ouest, en particulier lorsque nous recevons des informations sur des bateaux qui disparaissent sans laisser de traces.»

La pauvreté est souvent évoquée comme motif du départ des jeunes. Mais depuis quelque temps, c’est la responsabilité des parents qui est dénoncée. Et parmi ces accusateurs, le président Bassirou Diomaye Faye lui-même: «il faut que les familles exercent moins de pression sur ces jeunes. Cette pression ne doit pas aller au-delà du fait qu’ils doivent de serrer la ceinture» a dit le chef de l’Etat, la gorge nouée par l’émotion après le dernier drame.

Car il n’est pas rare qu’au Sénégal des parents disent à leurs enfants, qu’un «tel ou un tel autre est parti par la mer, aujourd’hui il a sorti sa famille de la pauvreté». Une pression familiale souvent fatale à de nombreux jeunes qui foncent tête baissée dans des pirogues de fortune pour gagner l’Eldorado européen.

A l’État, il est aussi demandé de donner de l’espoir à ces jeunes. Des jeunes qui n’arrivent plus à se construire un avenir dans leur propre pays.

Le président Bassirou Diomaye Faye qui a parlé à sa jeunesse le mercredi 11 septembre, leur demande de rester pour construire leur pays. Mais est-ce suffisant pour retenir ces jeunes qui ne voient plus que la mer comme seule alternative à leur situation.


Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 14/09/2024 à 09h40