Certains Sénégalais observent le fléau des paris en ligne s’installer dans le quotidien des jeunes, y compris parmi les petits commerçants.
Lire aussi : Lutte contre la criminalité: pourquoi le Maroc domine les requêtes africaines de données d’utilisateurs à Meta
Modou Seck, vendeur de vêtements en fait partie, «tout ce que l’on peut gagner aujourd’hui, on le perd demain. On peut perdre à cause d’un seul chiffre et se dire que demain, on l’aura, ce gain. Ce sont justement ces chiffres que l’on poursuit qui nous mèneront au désastre total. Si l’on gagne 300.000 FCFA aujourd’hui, on se dira que demain on pourra gagner plus. C’est ce piège-là qui nous fera perdre. Même les petits commerçants font le pari en ligne.»
Selon un rapport de Bloomberg, plus de 1.561 milliards de francs CFA ont été dépensés en 2023 par la jeunesse africaine dans les jeux de hasard, dont une part importante au Sénégal. Ces dépenses se justifient par une prolifération des plateformes de paris en ligne et en grande partie par leur extrême facilité d’accès
Lire aussi : Le pari sportif, l’incertain gagne-pain des jeunes Kinois
Pape Fall se souvient d’un ami qui a sacrifié son salaire, pris au piège par l’illusion de la victoire. «J’avais un ami qui a pris son salaire pour jouer au pari en ligne. Ce jour-là, comme il voyait tout le temps des publicités sur les réseaux sociaux, il a tenté et gagné. Mais depuis lors, il continue à perdre. Ce qui est un phénomène qui inquiète par son ampleur et ses conséquences sociales. L’État même doit y prendre des mesures. Faire de telle sorte que les joueurs de pari en ligne puissent avoir d’autres occupations que de rester tout le temps à faire ce jeu. Il détruit plus qu’il ne construit.»
Lire aussi : Vidéo. La loterie et les jeux en tous genres, le pari risqué des jeunes Guinéens
Les paris en ligne ont des effets dévastateurs sur le comportement des jeunes. Pour récupérer leurs pertes, certains sont prêts à commettre des actes illégaux. C’est ce que nous confirme le témoignage de cet étudiant, Amadou Dramé. «Il y a certains qui commettent des vols juste pour tenter de gagner. Quand ils gagnent pour la première fois facilement, ils pensent que c’est toujours comme ça et voilà le piège. Ils vont perdre autant d’argent. Pour eux, tous les moyens semblent bons pour espérer un gain, mais les conséquences sociales de ce phénomène sont devenues très inquiétantes aujourd’hui.»
Face à l’ampleur du phénomène, le gouvernement sénégalais a imposé une taxe de 20% sur les gains des parieurs. Une mesure qui vise à générer des revenus pour l’État, mais aussi à décourager les pratiques de jeu excessif. Pour l’État, c’est un moyen de protection contre l’addiction, surtout chez les jeunes, et un rappel que le travail reste le moteur de l’économie. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer ce taux, jugé trop élevé par les parieurs.









