Des licenciements touchent de nombreux agents du secteur public (port, poste, Commissariat à la Sécurité alimentaire et à la Résilience, Caisse des Dépôts et Consignations, Agence nationale de sécurité routière...). Ces licenciement concernent également certains ministères. À titre d’exemple, au Port autonome de Dakar, ce sont plus de 700 jeunes qui ont été renvoyés.
Birane Thiam, entrepreneur, s’indigne et s’inquiète des répercussions sur l’économie du pays, «quand l’État se permet de licencier à ce rythme, cela fragilise tout le pays. Moins de salariés, c’est moins de consommation et plus de précarité».
Si certains y voient une simple restructuration, d’autres dénoncent une chasse aux sorcières. «Il ne faut pas se voiler la face, ces licenciements ont une coloration politique», estime Ousmane Ba, persuadé que certains travailleurs sont ciblés pour leurs affinités avec l’ancienne majorité.
Un point de vue nuancé par Mamadou Mbodj, citoyen sénégalais. «Les contrats fictifs doivent être supprimés, c’est une évidence. Mais ceux qui ont été recrutés légalement doivent pouvoir continuer à travailler, peu importe leurs opinions politiques».
Une crise sociale aggravée par le train de vie des dirigeants
Ces licenciements interviennent dans un contexte où le chômage est déjà préoccupant. Pour Birane Thiam, la situation est d’autant plus révoltante que «pendant qu’on met des milliers de travailleurs à la porte, nos dirigeants continuent de mener un train de vie luxueux, avec des véhicules de prestige et des cérémonies fastueuses». Une fracture sociale qui pourrait attiser davantage la colère populaire.
Face à cette vague de licenciements, et à la baisse annoncée des salaires plusieurs organisations syndicales ont annoncé une riposte à la hauteur de l’enjeu et menacent de bloquer le pays.
Cheikh Diop, médecin membre du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames), est catégorique «il est hors de question qu’on touche aux salaires.» Ousmane Ba encourage la mobilisation. «Si les syndicats peuvent paralyser le pays pour se faire entendre, alors ils doivent aller jusqu’au bout. C’est une question de justice sociale !». Mamadou Mbodj, lui, espère que cette pression syndicale obligera les autorités à revoir leur copie. «L’État doit entendre la détresse des travailleurs et arrêter ces licenciements injustifiés».
Alors que le gouvernement justifie ces mesures par la nécessité de rationaliser les dépenses publiques, le malaise social grandit. Entre colère populaire et mobilisation syndicale, le pays semble s’acheminer vers une période d’instabilité, avec un risque de paralysie économique si aucune issue n’est trouvée.