Sénégal. Matériaux endommagés, chantiers au ralenti: «Lorsqu’il pleut, on reprend tout à zéro»

Des maçons préparant du béton.

Le 21/08/2025 à 12h21

VidéoL’hivernage, de juillet à septembre, n’est certainement pas la meilleure saison pour les professionnels de la construction confrontés à divers désagréments. Entre pluies diluviennes, matériaux fragilisés et arrêts fréquents, les travailleurs doivent redoubler de vigilance pour faire avancer les chantiers… souvent au ralenti impactant les délais de livraison.

Malick Ka, mouleur, raconte les moments difficiles de son travail. «C’est tellement compliqué de travailler sous la pluie, nos briques fondent en un clin d’œil. Alors, on ne peut rien faire d’autre qu’attendre la fin de la pluie et tout recommencer à zéro…»

Du côté des maçons, les arrêts sont fréquents et le travail se complique de jour en jour. «Le travail devient beaucoup plus difficile en cette période, mais on essaie toujours de prendre nos précautions et on consulte la météo. Parfois, quand il pleut, tout s’effondre sous nos yeux, surtout quand on est à l’étape des élévations. Et quand on en est à l’enduisage de la façade, c’est encore plus compliqué: en un instant, la pluie peut tout détruire», témoigne Aly Touré, maçon.

Mais parfois, le problème ne vient pas seulement du ciel. Le manque de compréhension de certains maîtres d’ouvrage aggrave la situation. «Quand on travaille pour quelqu’un qui ne connaît pas nos réalités… c’est compliqué. Avec le prix du ciment et du matériel, quand la pluie détruit tout, il y a des tensions. Pourtant, nous prenons toujours des précautions, même si certains dégâts restent inévitables», souligne Aly.

De son côté, Malick renchérit que «parfois, on perd toutes les briques sous l’eau. Et l’employeur exige qu’on le rembourse. Personnellement, quand les dégâts surviennent, je reprends tout dès que la pluie s’arrête. Même si je suis déjà rentré chez moi, je reviens sur le chantier pour refaire toutes les briques.»

Entre retards et matériaux fragilisés, l’hivernage transforme chaque chantier en casse-tête pour les travailleurs sénégalais. Mais malgré ces épreuves, leur détermination reste intacte, symbole d’un secteur qui continue de bâtir, coûte que coûte, face aux obstacles de la saison des pluies.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 21/08/2025 à 12h21