Situé à environ 35 km de Dakar, le lac rose est sans doute la curiosité naturelle la plus connue au Sénégal grâce à la coloration exceptionnelle de ses eaux qui virent du mauve au rose écarlate. Mais un projet immobilier risque de porter un coup dur à cette curiosité de la nature.
Portée par la commune de Tivaouane Peulh-Niaga, la «ville verte» au lac rose ambitionne de transformer la zone en un pôle urbain moderne, respectueux de l’environnement et propice au développement économique. Implantée sur 216 hectares entre le lac rose et l’Océan, cette ville nouvelle promet une connectivité exceptionnelle, des logements accessibles à toutes les bourses et des infrastructures modernes intégrées dans un cadre naturel luxuriant.
Momar Sokhna Diop, maire de la commune de Tivaouane Peulh-Niaga, défend l’initiative. «Ce projet est un modèle d’urbanisation durable qui va profiter aux populations. Il va améliorer le cadre de vie des habitants et offrir des opportunités économiques aux villages environnants.»
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Cette vision n’a toutefois pas toujours eu l’adhésion des populations. Mais aujourd’hui l’association Aar Sunu Momél qui était à la tête des revendications y voit une opportunité pour les populations locales.«Nous ne sommes pas contre le développement, qui ne doit pas se faire au détriment des habitants. Ce projet manquait de clarté à ses débuts, mais aujourd’hui on se rend compte qu’il peut être une opportunité pour les habitants du lac notamment en termes d’emploi et d’habitat», souligne t-elle.
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Toutefois, les défenseurs du lac eux campent sur leurs positions. L’association «Aar Lac Rose» alerte sur les conséquences écologiques de cette transformation urbaine. «Le lac rose est un écosystème fragile. Une urbanisation mal maîtrisée pourrait gravement perturber son équilibre et menacer son attractivité touristique», avertit Ibrahima Mbaye, président de l’association.
Une inquiétude partagée par les acteurs économiques de la zone. Idy Ba, gérant d’hôtel, demande une révision du projet. «Si cette ville doit voir le jour, il faut repenser son implantation ou son aménagement. Sinon, c’est tout un secteur qui risque de disparaître.» Entre ambitions de développement et préservation de l’environnement, le projet «Ville Verte» continue d’alimenter les débats. La balle est désormais dans le camp des autorités pour trouver un consensus.