Le Mali est, à l’instar du Niger et du Burkina Faso, un des pourvoyeurs en moutons des pays côtiers ouest-africains. À l’approche de Tabaski, ce sont des centaines de milliers d’ovins qui prennent la route vers le Sénégal, la Guinée ou encore la Côte d’Ivoire.
Et pour cause: avec un cheptel estimé, en 2024, à 13 millions de bovins, 52 millions de petits ruminants et 1,4 million de camelins, le Mali possède l’un des élevages les plus importants d’Afrique de l’Ouest. En 2017, les exportations maliennes d’animaux vivants avaient rapporté 137 milliards de FCFA, soit 7% des exportations totales.
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Adama Dao fait partie des 30% de la population active malienne qui opèrent dans le secteur de l’élevage. Depuis des années, il achète ses moutons dans les villages les plus reculés du Mali puis les engraisse pour la Tabaski.
«Il n’y a pas si longtemps, le Sénégalais s’approvisionnaient essentiellement du Mali mais ils ont été détrônés par les Guinéens qui achètent leurs moutons à Bamako» explique le maquignon qui s’affaire à charger un dernier convoi de 300 têtes «les frais de transports sont assurés par le transitaire».
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Pour sa part, Mohamed Touré, commerçant guinéen, est venu acheter des moutons au quartier dit «Sans Fil» à Bamako, explique que parfois «il achemine entre 20 et 30 camions chargés de moutons». Et avec la hausse du prix du mouton, il peut espérer faire de bonnes affaires.
Selon divers témoignages, «le prix des moutons sur le marché malien varie de 110.000 à 250.000 FCFA. La plupart des acheteurs sont Guinéens». Au Mali le salaire minimum interprofessionnel garanti est fixé à 40.000 FCFA.
Toutefois, les vendeur font face à certains problèmes. D’abord, explique Touré, «le déplacement des marchés à bétail exigé par les autorités a eu un impact négatif sur notre activité».
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Ce témoignage fait allusion à la décision des autorités prise au lendemain de l’attaque terroriste du 17 septembre 2024 qui a ciblé l’école nationale de la gendarmerie et l’aéroport de la capitale. Les autorités de la transition avaient alors décidé la fermeture des parcs à bétail de Bamako, lieux d’attroupement jugés d’un accès faciles pour les terroristes.
Autre facteur favorisant l’envolée des prix du mouton est «le coût de l’aliment pour bétail qui a augmenté».