L’Association des Etudiants et Stagiaires Africains en Tunisie (AESAT) a alerté dans un communiqué sur «la disparition» de l’étudiant camerounais Christian Kwongang depuis le 19 mars après qu’il s’est rendu dans un poste de police pour «récupérer sa carte de séjour».
«Aux dernières nouvelles, Christian Kwongang est détenu dans le centre de Ouardia (au sud de Tunis, ndlr) sans aucune raison officielle», a indiqué à l’AFP Yaya Traoré, un étudiant malien élu fin février comme nouveau président de l’AESAT.
Le centre de Ouardia a été épinglé par l’Organisation mondiale de lutte contre la torture (OMCT) comme une «zone de non droit où des personnes sont arbitrairement privées de leurs libertés».
M. Kwongang, inscrit à l’université privée Upes à Tunis, était «parti chercher sa carte de séjour définitive» quand il a été retenu au poste de police, selon M. Traoré.
Il a pu passer un appel téléphonique où il a dit avoir été interrogé à propos de ses activités pendant la crise du printemps 2023 lorsqu’un discours du président tunisien Kais Saied contre l’immigration illégale avait déclenché une violente campagne contre les migrants originaires d’Afrique subsaharienne en Tunisie.
Dans son communiqué, l’AESAT a dénoncé une détention «sans aucune accusation officielle ni procès».
Interrogé par l’AFP, le ministère de l’Intérieur tunisien a dit ne pas disposer à ce stade d’informations sur le sujet.
Des avocats ont été mandatés par Terre d’Asile, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et Avocats sans frontières (ASF) pour élucider le sort de M. Kwongang.
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Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG spécialisée dans les questions migratoires, a appelé à «une libération urgente» de M. Kwongang, détenu «hors de tout cadre légal».
L’ONG a dit «craindre qu’il ne paye pour son activité militante» du printemps 2023.
Le 21 février 2023, M. Saied avait dénoncé l’arrivée dans son pays de «hordes de migrants» clandestins d’Afrique subsaharienne dans le cadre d’un complot «pour changer la composition démographique» du pays.
Au cours des semaines suivantes, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne avaient été chassés de leur travail et logement, et beaucoup s’étaient réfugiés près de leurs ambassades avant des rapatriements en urgence notamment en Côte d’Ivoire, au Mali et en Guinée.