L’organisation M’nemty, dont elle est la présidente et qui lutte contre les discriminations raciales en Tunisie, a assuré dans un communiqué qu’elle exerçait dans la légalité et réfuté «toute allégation (...) de sources de financement suspectes».
Elle a affirmé que l’enquête avait été ouverte en mai 2024 en pleine campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux des défenseurs des droits humains, dont les activités ont été associées «à des théories du complot et à des accusations de ”remplacement démographique”».
Mme Mosbah, 65 ans, une ancienne hôtesse de l’air elle-même noire, s’est battue pour les droits des minorités et pour qu’une loi contre la discrimination raciale soit adoptée en 2018.
Elle a également été en première ligne dans la défense des migrants originaires d’Afrique subsaharienne en Tunisie après un virulent discours en février 2023 du président tunisien Kais Saied, dans lequel il dénonçait l’arrivée de «hordes de migrants clandestins» dans le cadre d’un complot «pour changer la composition démographique» du pays.
«Mme Mosbah souffre de maladies chroniques et ne représente aucun danger pour personne. Nous demandons sa libération provisoire et nous garantissons sa présence lors des prochaines audiences», a plaidé lundi son avocate Monia El Abed.
Son confrère Me Chawki Tabib a de son côté affirmé que le délai maximal de la détention préventive (14 mois) avait été dépassé. «Qui va lui rendre justice dans cette injustice?», a-t-il déploré.
La défense a demandé le report de l’audience.
La militante est poursuivie pour «enrichissement illicite», un délit passible de six ans de prison, et pour «blanchiment d’argent en profitant des facilités que lui procure l’exercice de ses activités sociales» (jusqu’à dix ans de prison), a indiqué à l’AFP Monia El Abed.
Au total, neuf personnes sont poursuivies dans cette affaire: la propriétaire du local de l’association et huit membres de M’nemty, dont Fares Gueblaoui, le fils de Mme Mosbah.
A la fin de l’audience, il a demandé à la magistrate la permission d’embrasser sa mère avant de se jeter dans ses bras, provoquant une vive émotion dans la salle.
Plusieurs autres travailleurs humanitaires sont poursuivis par la justice tunisienne pour aide illégale aux migrants.
Depuis le coup de force du président Saied le 25 juillet 2021, par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs, opposition et société civile déplorent un recul des droits et libertés dans le pays.




