Pendant la dernière semaine du mois sacré de l’islam, beaucoup de familles tunisiennes préparent des pâtisseries traditionnelles comme le makroudh (gâteau de semoule farci de datte), la ghrayba (petit sablé en farine de pois chiche ou encore le bachkoutou (biscuit), pour lesquelles le sucre est un ingrédient essentiel.
«Nous sommes privés cette année de ce plaisir puisque nous ne pouvons pas avoir du sucre en quantité suffisante», regrette Lamia Bouraoui, une femme au foyer interrogée par l’AFP pendant qu’elle patiente devant un supermarché du centre-ville de Tunis.
«Au moins, on n’aura pas un café amer comme notre quotidien!», lance-t-elle après avoir récupéré sa maigre ration de sucre.
En Tunisie, les autorités centralisent les achats de denrées de base subventionnées mais un manque de liquidités dans les caisses publiques provoque régulièrement des pénuries de sucre, semoule, farine, huile de cuisson ou lait.
Selon les économistes, l’Etat lourdement endetté (à environ 80% du PIB) privilégie le remboursement de ses dettes au détriment des approvisionnements de première nécessité qu’il se procure au compte-gouttes. Les autorités ont annoncé une reprise cette semaine du raffinage du sucre brut et la distribution de stocks.
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En ce moment, la vente de sucre subventionné est limitée à un ou deux kilos par personne transvasés au fur et à mesure dans un sachet, et n’a lieu qu’une fois par semaine dans le supermarché où s’est rendu l’AFP.
Ce vendredi, la queue de plusieurs dizaines d’acheteurs ne cesse de s’allonger à l’intérieur du centre commercial.
«Tout ce monde pour le sucre? C’est incroyable!», s’étonne une sexagénaire.
Des pâtissiers à la peine
«Un jour on fait la queue pour la farine, un autre pour la semoule et un autre pour le sucre! L’Etat nous a fait un bon planning pour nous distraire», ironise Sami, la quarantaine.
«Allez, dépêche-toi !», lui crie sa femme en se précipitant vers la longue file. Elle a fait venir son mari pour obtenir le double des quantités autorisées.
«Je suis restée 35 minutes pour attendre mon tour! Comment en sommes-nous arrivés à un tel point?», s’emporte Hassna, une quadragénaire. «Remercions Dieu: nous sommes dans une meilleure situation que nos frères à Gaza, qui meurent de faim», lui répond un trentenaire.
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La pénurie de sucre perturbe aussi les pâtissiers, surtout à l’approche de l’Aïd el-Fitr qui marque la fin joyeuse de ramadan et est prévu vers le 10 avril.
«Tout notre travail est basé sur le sucre! Si nous avons du sucre, nous pouvons travailler, sinon nous ne pouvons rien faire», explique à l’AFP Chokri Bouajila, employé d’une pâtisserie du centre-ville, spécialiste des gâteaux traditionnels.
Outre le manque de sucre, la cherté de la vie qui affecte le pouvoir d’achat des Tunisiens, a poussé ce commerce à réduire les quantités produites. «La plupart des clients achètent 200 grammes ou 500 grammes de gâteaux. Ce n’était pas le cas les années précédentes», regrette M. Bouajila.
La Tunisie, qui compte 12 millions d’habitants dont un tiers sous le seuil de pauvreté, subit depuis deux ans une inflation élevée (8 à 10% en moyenne par an) avec des prix alimentaires qui ont souvent triplé.
Certains font contre mauvaise fortune bon coeur: «le sucre ce n’est pas bon pour la santé!», plaisante Nayla, assurant avoir appris à s’en passer.