Un bus intelligent à Niamey: si tu ne viens à pas à internet, c’est internet qui vient vers toi

Le bus de formation en informatique du Programme Villages Intelligents à Niamey.

Le 04/11/2024 à 13h48

VidéoLorsqu’ils prennent place dans ce véhicule, les passagers découvrent la panoplie nécessaire à un profane pour s’initier au numérique. A bord, un formateur veille à ce que les passagers repartent avec des bagages virtuels et des connaissances bien réelles qui leur seront utiles dans la vie quotidienne, de la déclaration d’une naissance à l’accès aux services financiers.

Si vous n’allez pas au numérique, c’est le numérique qui vient chez vous. C’est le principe qui semble guider les concepteurs du Programme Villages Intelligents. Au Niger, bien qu’internet tisse sa toile doucement mais surement mais «6.000 localités n’ont accès à aucune connectivité» selon Amsatou Yahaya, spécialiste senior finance numérique du Programme des Villages Intelligents dans la fiche de présentation du projet initié par l’Agence Nationale de la Société de l’Information rattachée à la Présidence de la République du Niger. Ce projet a bénéficié d’une financement de la Banque mondiale de 100 Millions de dollars sur six ans (2019-2025).

Le choix d’unités mobiles pour connecter ces zones rurales devenait une évidence. Vu de l’extérieur, le bus intelligent semble bien ordinaire. Mais à l’intérieur, c’est tout un dispositif d’apprentissage d’outils informatiques qui y sont installés.

«Le projet PVI a pour objectif de contribuer au développement technologique du Niger à travers les formations. C’est toute une école qu’on a installée dans ce bus qui se déplace de quartier par quartier pour enseigner des matières telles que word, excel, windows et les moyens d’utiliser les mobiles-money», explique Abdoulaye Maiga, responsable du bus.

Pour monter à bord, nul besoin de s’acquitter d’un ticket. Ici, la participation est gratuite pour tous citoyens nigériens âgé de 15 ans et plus, «les plus petits devront patienter et apprendre d’abord à lire et à écrire pour pouvoir participer à cette formation», explique Abdoulaye Maiga.

Les passagers de ce bus pas comme les autres sont animés de la même volonté d’accéder aux services de téléphonie mobile, aux services financiers numériques surtout ceux habitant certaines localités encore mal desservies.

«L’informatique est un domaine qui peut faire avancer notre pays, c’est ça qui m’a motivé à participer à cette formation. J’ai déjà appris de nombreuses choses», explique Bouliamine Bouaif, participant à la formation. A limage de ce dernier, «au total, ce sont déjà 40.000 individus formés et sensibilisés dont 80% de femmes au travers des 113 centres déployés» faisait savoir Amsatou Yahaya en avril dernier.

Parmi ces «choses» dont parlait Bouliamine, la projet prévoit également l’inclusion financière afin d’améliorer l’accès aux services financiers des populations rurales, le paiement marchand en favorisant l’émergence de fintechs... et de rapprocher les populations des administrations «près de 83% des Nigériens se trouvent en zone rurale. Dans ces régions, la majeure partie des naissances ne sont pas déclarées car les agences publiques sont trop éloignées» précise Amsatou Yahaya.

Un large éventail qui semble séduire un dans candidats à l’apprentissage numérique, «c’est vraiment une occasion pour nous entant que jeune d’apprendre quelques outils informatiques, vous savez de nos jours les connaissances en informatique sont indispensables quand on cherche du boulot et même quand on veut se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est tout ce qui m’a motivé de participer à cette formation et j’ai appris pas mal de choses notamment sur word et excel», se réjouit Abdou Salam. Cette formation mobile ne dure que 15 jours pour chaque participant et sera sanctionnée par la remise d’une attestation.

«La finalité, c’est créer un espace ou l’économie numérique et ses applications (Sante, Education, Agriculture, etc..) fassent partie du quotidien du plus grand nombre des populations, dont 80% vivent en zone rurale» espère Abdou Kané, coordonnateur du projet.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 04/11/2024 à 13h48