Du marché de Mvog Mbi à Ekounou en passant par celui de Mokolo à Yaoundé, les légumes sont de plus en plus rares sur les étals. Les ménagères qui les cherchent peinent à en trouver. Marie Madeleine habitante du quartier Cité verte en fait partie «j’ai habitué mon mari à manger les légumes tous les weekends mais depuis quelques mois, ils se font très rares et quand bien-même on en trouve, les prix sont exorbitants», a-t-elle déclaré avant d’ajouter que pour acheter quelques paquets du zom, un légume cultivé pour ses feuilles, elle doit désormais se lever très tôt chaque matin.
Au Cameroun, les légumes à large consommation sont l‘oignon, la tomate, le piment, le gombo et la carotte. Le cas de la tomate est édifiant et peut en partie expliquer la rareté des cultures maraichères. «La tomate est l’une des denrées les plus consommées, avec une production annuelle estimée à 889.800 tonnes» selon des sources médiatiques locale.
Cependant, cette production serait en recul ces dernières années. Selon la délégation régionale de l’Agriculture et du Développement rural pour l’Ouest, la production de la tomate a atteint 217.930 tonnes, en 2022 soit 40% de la production nationale. Mais cette région subit les effets du dérèglement du climat, comme en témoigne ce producteur de tomate cité par la presse «avec l’ampleur des changements climatiques dans la région, nous sommes confrontés aux variations des précipitations ce qui fait que l’eau n’est pas disponible pour nos cultures de tomates.»
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Ce chamboulement du calendrier cultural, fait que dans les marchés, certaines vendeuses et même des cultivatrices ont du mal à expliquer cette baisse de rendement.
Pour Dame Juliette du village Mbgabang, non loin de Yaoundé, la pénurie en vivres frais peut s’expliquer par l’appauvrissement des sols dû à la surexploitation. «À une époque, on n’avait pas besoin de beaucoup cultiver. Personnellement, sur un hectare je pouvais ravitailler tous les grands marchés de Yaoundé. Mais plus le temps passe, plus les récoltes baissent», soutient-elle.
Pourtant, de nombreux climatologues accusent les effets du changement climatique qui impose aux cultivateurs de réadapter leurs techniques culturales. Réné Ramsès Meyong, de l’Observatoire national sur les changements climatiques, insiste sur le respect du calendrier agricole émis régulièrement par le ministère de l’agriculture et du développement rural.
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Selon la Banque mondiale, «le changement climatique impacte directement plus de 70 % de la population, dont les moyens de subsistance dépendent directement de l’agriculture» dans un pays qui pourtant a réduit, ces 20 dernières années, ses émissions de gaz à effet de serre, selon la même source. D’où la nécessité d’investir pour accélérer l’adaptation et la résilience dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage, recommande la Banque mondiale.