Le combat opposant Tyson Fury, détendeur du titre du WBC des poids lourds et Francis Ngannou, ancien champion du MMA dans la même catégorie, restera sans doute dans les annales de la boxe. Le choc des titans entre l’Anglais et le Cameroun du samedi 28 octobre à Ryad, sanctionné par une victoire aux points de l’Européen, a été suivi par des millions de spectateurs à travers le monde. Cette confrontation continue de susciter de vifs commentaires et déchainer les passions parmi les nombreux supporters des deux géants.
Si en Afrique, d’où est originaire Francis Ngannou, toutes les voix s’élèvent pour crier au «vol» suite aux décisions des arbitres d’accorder la victoire au colosse anglais, c’est quasiment avec une unanimité sur le continent que tout le monde s’accorde à dire que la victoire revient à l’Africain qui s’est pourtant incliné aux points après avoir envoyé au tapis son adversaire.
Seulement voilà, après l’émotion des premières heures, des sons de cloche différents commencent à faire du bruit brisant cette unanimité sur «la victoire volée» au redoutable Predator. «Il n’y a pas eu de KO et par conséquent Ngannou n’a pas gagné», affirme sans sourciller un grand connaisseur de la boxe et par ailleurs plusieurs fois champions du Sénégal.
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Interrogé par Le360Afrique, Mouhamed Ali Ndiaye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, estime que beaucoup de supporters, notamment Africains, attribuent la victoire à Ngannou par méconnaissance des règles de la boxe. Selon le champion du Sénégal de boxe en 1997, 1998 et 1999, on ne peut pas parler de KO parce que Fury n’est pas suffisamment resté sur le tapis. Or, argue-t-il, «le kO est déclaré par l’arbitre lorsqu’un des boxeurs reste à terre, après un coup adverse, dix secondes sans bouger».
Le fils de Moussa Ndiaye, lui-même ancien sociétaire du club des Niayes de Pikine à Dakar, cinq fois champion du Sénégal, ajoute qu’il s’agit plutôt d’un Knock down, une mise à terre d’un boxeur qui n’est pas hors de combat, et non d’un knock out.
Par conséquent, déclarer Ngannou vainqueur «relève de l’ignorance des règles de la boxe et de l’émotion», insiste le premier Sénégalais de l’histoire à intégrer l’équipe nationale italienne de boxe.
Si le champion italien en 2004 reconnait au Camerounais un talent certain pour la boxe, il souligne cependant que battre un champion mondial n’est pas donné à tout le monde.
Pour venir à bout d’un champion mondial de la trempe de Fury, qui bénéficie de l’indulgence du milieu de la boxe du fait de son statut, il faut beaucoup d’arguments. «Ngannou est un champion, mais il vient d’un autre sport. Il n’a pas l’âme de la boxe et cela se voit nettement», fait remarquer le Sénégalais qui recommande au Camerounais de s’imprégner davantage de la culture boxe. Les Camerounais apprécieront!
Il faut dire que les décisions litigieuses et les soupçons de corruption ont toujours eu lieu dans la boxe du fait de la complexité des regèles, entachant ainsi l’image de cette discipline déjà bien amochée.