1969: mystérieux cessez-le-feu
Début 1969, Santos débute une lucrative série de matches en Afrique. Fin janvier, le club de Sao Paulo arrive au Nigeria pour y jouer deux rencontres malgré un contexte très tendu. Depuis 1967, le pays est en proie à une guerre civile après la sécession de la région orientale, autoproclamée République du Biafra. Santos affronte d’abord la sélection nigériane le 26 janvier. Pelé inscrit un doublé lors de cette confrontation (2-2). Un deuxième match a lieu le 4 février, dans une autre ville du pays, Benin City, proche du Biafra. Santos l’emporte 2-1 contre l’équipe locale.
La légende, entretenue côté brésilien, veut qu’un cessez-le-feu de 48 heures entre les belligérants aurait été obtenu pour permettre la tenue de cette rencontre. Pelé n’évoque pas cet épisode dans sa première autobiographie en 1977. Dans un autre ouvrage paru en 2007, il confie: «Je ne suis pas sûr que ce soit tout à fait vrai, mais les Nigérians ont certainement fait en sorte que les Biafrais n’envahissent pas Lagos pendant que nous étions là». Il ajoute que le directeur commercial de Santos aurait assuré aux joueurs que la guerre civile serait arrêtée le temps du match.
Mais cette version est contestée. Dans une enquête, Olaojo Aiyegbayo, chercheur d’origine nigériane à l’université d’Huddersfield en Angleterre, explique ainsi n’avoir trouvé aucune trace de cet éventuel arrêt des hostilités.
1976: coup d’état et déguisement
En février 1976, Pelé, qui évolue désormais au Cosmos de New York, se rend à nouveau à Lagos lors d’un voyage sponsorisé par Pepsi. Il doit y jouer une rencontre amicale et participer à l’inauguration d’écoles de football.
Le Brésilien n’est pas la seule personnalité sportive présente dans la capitale nigériane. Les joueurs de tennis Arthur Ashe et Stan Smith participent à un tournoi et logent dans le même hôtel que Pelé.
Le 13 février 1976, le général Murtala Mohammed, alors au pouvoir au Nigeria, est assassiné par des hommes armés. A la tête du commando, Bukar Dimka, un lieutenant-colonel de 33 ans, dont la tentative de prise de pouvoir sera rapidement écrasée.
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Mais la tension reste vive dans la ville où des check-points ont été dressés. Le 16 février, le match entre Arthur Ashe, vainqueur de Wimbledon l’année précédente, et son homologue américain Jeff Borowiak, est interrompu par cinq militaires qui somment les joueurs et le public d’évacuer. Les participants au tournoi regagnent leur hôtel sous protection et quittent le pays par avion le lendemain.
Pelé, qui s’est réfugié à l’ambassade du Brésil, devra lui patienter trois jours de plus. Les autorités brésiliennes imaginent alors un stratagème pour faciliter sa fuite et c’est déguisé en pilote de ligne que la star du football parvient à s’envoler de Lagos.
1978: une pige avec Fluminense
Pas échaudé par ses deux précédents séjours, Pelé revient à nouveau au Nigeria deux ans plus tard lors d’un déplacement sponsorisé par une marque d’électroménager.
Comme l’ancienne star de Santos, l’équipe de Fluminense est à Lagos où elle doit disputer une rencontre dans le cadre d’une tournée. Profitant de cette coïncidence, les autorités locales proposent à Pelé de donner le coup d’envoi du match entre la formation brésilienne et un club du pays, les Racca Rovers.
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Rapidement, la rumeur se répand: Pelé va jouer. Malgré les démentis, la ferveur et les ventes de billets sont telles que la police finit par convaincre «le Roi» de disputer le match par peur de débordements. Pelé évolue 45 minutes avec le maillot de «Flu».
En 2018, il s’en amuse sur son compte Twitter. «Une fois, j’ai accidentellement joué pour Fluminense! En tant qu’invité d’un match au Nigeria, tant de gens sont venus me voir que la police m’a fait jouer pour maintenir la paix !», raconte-il dans un message accompagné d’une photo de l’époque. «Flu a eu l’honneur d’avoir le Roi du football pendant une journée», lui rend hommage le club sur son site web.