La première période se termine 0-0. Malgré la domination gabonaise, le ballon refuse de franchir la ligne. «Mais frappe donc!», hurle Mba, un habitué du lieu, en serrant sa bouteille comme pour la faire éclater. Autour de lui, les cris fusent, mêlés d’encouragements et d’exaspération.
Chaque occasion manquée fait monter d’un cran la pression. «La Côte d’Ivoire jouait à domicile. Elle a pris ses 3 points. Le Gabon devait gagner ce match pour asseoir la confiance parce que les barrages c’est dans un mois»
Le temps semble s’étirer, interminable. Puis, à la 82e minute, sur un corner mal dégagé par la défense burundaise, le défenseur Bryan Meyo Ngoua surgit et pousse le ballon au fond des filets.
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C’est le déluge. Le maquis «Pavillon» explose. Les chaises volent, les verres s’entrechoquent dans des accolades frénétiques. «Gooooaaaalll! Panthères!» scande la foule en cœur, une vague de soulagement et de joie pure submergeant l’assemblée. Les vuvuzelas retentissent, les sifflets crépitent. Pendant de longues minutes, c’est la fête. L’espoir renaît.
L’ombre des Éléphants
Mais dans un coin, le téléphone d’un jeune homme, Jean-Luc, reste collé aux résultats des autres matches. Son visage se fige soudain. «Les Ivoiriens… Ils viennent de marquer leur troisième but. Ils gagnent 3-0», annonce-t-il d’une voix basse, presque inaudible dans le vacarme.
La nouvelle se propage comme une traînée de poudre humide. La liesse retombe instantanément, remplacée par un lourd silence, puis par un concert de grognements et de lamentations.
«On le savait, il fallait un miracle. On a fait notre travail, mais les Éléphants sont trop forts. C’est dur» soupire Anna, une étudiante venue avec des amis.
L’ultime espoir
Quand Mario Lemina scelle la victoire 2-0 dans les arrêts de jeu (91e), l’acclamation est cette fois plus mesurée, teintée d’amertume. La victoire est là, belle et bien méritée, mais elle a un goût incomplet. «On est deuxièmes, c’est tout?», demande un supporter, incrédule.
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Non! rétorque Jérémie, le téléphone haut levé. Regardez! On est le meilleur deuxième de toute l’Afrique! On passe aux barrages. On ne fera pas de la figuration en match de barrage. On ira en coupe du monde aux USA», affirme-t-il.
Cette ultime information redonne un peu de baume au cœur. Autour d’une table, un groupe d’amis commence déjà à y croire. «Le travail n’est pas fini, lance Emmanuel, le plus moins optimiste de la soirée. On a gagné, on est en barrages. Mais on a raté une qualification directe à l’issue du match contre la Côte d’Ivoire».
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«Ce soir, on a ressenti l’absence d’Aubameyang dans ce duel. Heureusement que la victoire est au rendez-vous», se réjouit Christ.
A Akanda, les supporters ont quitté le maquis «Pavillon» avec un sentiment mitigé. La déception de ne pas voir leur rêve s’accomplir directement est réelle, mais tempérée par la fierté du combat de l’équipe et par cette lueur d’espoir, ténue mais bien présente: celle des barrages, un ultime pont vers la Coupe du monde. Le combat des Panthères n’est pas terminé.