«Ce petit (le pivot star des Sixers de Philadelphie mesure aujourd’hui 2,13 m...) a atteint une autre dimension», s’exclame mercredi matin Roussel Alima, 40 ans, employé municipal et voisin de la famille Embiid à Damas quand le «petit» était ado. «Il aimait le sport et pratiquait plusieurs disciplines. Il ne parlait pas beaucoup, mais était très généreux», énumère-t-il avec fierté.
C’est également cette générosité que garde en souvenir de Joel Embiid Jeanne Amougou, 70 ans, voisine aussi de la famille, pour qui cependant le titre de MVP («Most Valuable Player» de la NBA) ne veut manifestement rien dire. «Il venait jouer au football dans ma cour avec ses amis et il offrait toujours des biscuits aux enfants de la maison», se rappelle-t-elle.
Fils d’un colonel, Joel Embiid est issu d’une famille relativement aisée: on soigne tout particulièrement ses officiers dans l’armée de ce grand pays d’Afrique centrale dirigé d’une main de fer par le même homme -le président Paul Biya- depuis plus de quarante ans.
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«Quand on l’a sélectionné pour les États-Unis, il est venu me saluer ici avant de partir», s’enorgueillit la vieille dame assise sur un banc, à l’entrée de sa maison.
«C’est une très grande fierté pour nous ses voisins», jubile aussi Emmanuel Mitamag, 30 ans, ingénieur agronome et ancien camarade du basketteur au collège La Rosière, à Damas.
Là, on se partage sur les téléphones portables les vidéos du basketteur qui, entouré de ses coéquipiers, accueille avec beaucoup d’émotion son sacre aux États-Unis.
Vocation tardive
À Damas, presque personne ne l’a vu jouer au basket, un sport qu’il a embrassé plutôt tardivement. Au collège et au quartier, c’est d’abord le football qu’il pratique, comme tous ses voisins. Emmanuel Mitamag n’est pourtant pas surpris de la réussite rapide de son ancien camarade de jeu. «C’est quelqu’un qui a toujours été brillant dans tout ce qu’il faisait. Il était très travailleur», assure-t-il.
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«Nous sommes contents de ce qu’il est devenu. C’est ici qu’il s’asseyait quand il venait me voir», se souvient Ismaël Moutounou en pointant du doigt un petit escalier à l’entrée de la maison familiale. L’ingénieur de 35 ans, qui a côtoyé Joel Embiid pendant ses années de collège, a en tête plusieurs anecdotes: son amour pour les consoles de jeu qu’il achetait en cachette, ses arrêts presque systématiques dans l’échoppe du coin pour se nourrir au retour de ses entraînements, le surnom «Joël Matip» dont il avait été affublé en référence au célèbre footballeur international des Lions indomptables... Il montre également, ému, le petit stade du quartier où ils jouaient au football.
Après le foot, Embiid, aîné d’une famille de trois enfants dont le père a été handballeur, s’intéresse au volley-ball. «C’est son oncle Didier Yanga qui voit sa taille et l’oriente vers le basket», assure à l’AFP Yves Tsala, le président de la Ligue régionale de basket-ball du Centre, la province dont Yaoundé est le chef-lieu.
France ou États-Unis?
C’est ainsi qu’il rejoint le centre de formation Kossengwe, que dirigent Joe Touomou et Jean Guy Moudio, ancien basketteurs, au quartier Omnisports à Yaoundé. Il y passe une saison et demie en championnat junior et dispute même une finale régionale en 2011, se souvient Yves Tsala. Il est alors sélectionné par Luc Mbah a Moute, un ancien Camerounais de la NBA (notamment aux Bucks de Milwaukee), pour participer à un camp «NBA without borders» (NBA sans frontières) en Afrique du Sud. Il s’envolera ensuite pour les États-Unis.
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«Nous sommes ravis d’avoir un joueur parti du Cameroun qui devient le meilleur en NBA. On ne s’attendait pas à ce que ça arrive aussi vite, 22 ans seulement après le premier joueur camerounais en NBA, Ruben Bountje Bountje», se réjouit Yves Tsala.
Samuel Nduku, le président de la Fédération camerounaise de basket-ball, dit lui aussi sa joie mais, titillé par l’AFP sur la question qui brûle les lèvres de chaque fan, ne veut pas s’attarder sur la future sélection nationale que choisira la star qui a récemment acquis les nationalités française et américaine. «C’est sa vie privée. Pour l’instant, il est encore Camerounais», sourit-il.
«Il aime le Cameroun. Quand il jouait au football, il était un grand fan des Lions indomptables. Si on le mettait dans de bonnes conditions, il aurait choisi le Cameroun», veut croire Emmanuel Mitamag.