Reliefs verts, lacs jumeaux, sommets volcaniques: au Rwanda, le VTT est sur un petit nuage

Bien plus qu'une course.

Le 05/12/2025 à 16h55

VidéoSur les pentes du parc national des volcans à proximité des lacs jumeaux Burera et Ruhondo, la 5e édition du Rwandan Epic, qui a pris fin le 5 décembre, a offert un spectacle où se croisés performances sportives, paysages majestueux et chaleur humaine. Un rendez-vous qui confirme l’essor du VTT au Rwanda.

Il y a des courses cyclistes qui se distinguent par leur niveau technique. D’autres, par l’engagement de leurs athlètes. Et puis, il y a le Rwandan Epic, qui parvient à conjuguer sport, nature et humanité. Vendredi, se clôture la 5e édition du Rwandan Epic, une jeune compétition du vélo de montagne aux pays des milles collines. Les cinq étapes de cette course avaient leurs particularités mais on va s’attarde à la 3e et 4e étape. Elles ont transporté les coureurs dans l’un des décors les plus saisissants du continent: les Twin Lakes Burera et Ruhondo, surplombés par les cinq volcans du Nord.

La cinquième édition du Rwandan Epic, du 1er au 5 décembre, a réuni 85 coureurs venus de 16 pays, sur une distance totale de 350 km parcourus en cinq étapes.

Pour couvrir l’événement, il m’a fallu quitter la route principale et poursuivre à moto près de 45 kilomètres, avant de terminer le trajet à pied, seul, caméra en main. Une heure d’ascension sur un terrain rocailleux où le souffle se perd et où chaque pas oblige à lutter. Plusieurs fois j’ai voulu abandonner, mais les encouragements des habitants croisés sur le chemin ont rappelé pourquoi cette course est autant une histoire humaine qu’un exploit sportif. Et au sommet, la vue s’est imposée comme une claque: d’un côté Burera, de l’autre Ruhondo, un tableau naturel que même les cyclistes les plus aguerris observent bouche bée.

Sur le terrain, les performances ont été à la hauteur du paysage. Daniel Gathof (Allemagne) et Bart Classes (Pays-Bas) se sont imposés sur la 3e étape, offrant à Bart le plus beau cadeau d’anniversaire possible: une victoire au cœur de l’un des plus beaux sites du pays. Le lendemain, l’Allemand Lukas Baum, champion du légendaire Cape Epic, et son coéquipier Dan Kiptala (Kenya) ont dominé la 4e étape, terminant six minutes devant leurs poursuivants.

Pour les coureurs, le Rwandan Epic n’est pas une simple course; c’est une immersion. Simon Claes, cycliste belge qui représente une équipe du Burundi, témoigne: "On en a eu plein les yeux et plein les jambes. Les descentes volcaniques sont uniques, les vues incroyables et les gens d’une gentillesse indescriptible. On nous encourage partout. Cette expérience, ce n’est pas qu’un effort physique, c’est un voyage.”

Mais ce sont les habitants eux-mêmes qui donnent au Rwandan Epic une dimension presque spirituelle. À Burera, des familles entières abandonnent leurs champs pour se poster au bord du sentier, scrutant l’arrivée des cyclistes comme on attend un ami de longue date. Jacqueline Mukandayisenga, habitante du village, résume ce rituel annuel: “Quand cette course arrive ici, nous arrêtons tout. Voir les cyclistes, surtout les Rwandais, nous remplit de joie.”

Angélique Nyiransabimana est aussi l’une des trois femmes qui, me voyant épuisé et presque sur le point d’abandonner, ont décidé de me guider jusqu’au sommet, un geste tellement encourageant, qui m’a fait chaud au cœur. “Ici, tu es entre le lac Burera et Ruhondo. On vient souvent se reposer ici après les travaux. C’est apaisant. Beaucoup d’étrangers viennent pour voir ça. Si seulement nous avions une route praticable, ce serait encore mieux pour nous et pour le tourisme.”

Le VTT, discipline encore confidentielle il y a quelques années au Rwanda, trouve dans ces collines son berceau naturel. Les mots du Vice-président de la Ferwacy (Fédération rwandaise de cyclisme), Valentin Bigango, confirment l’ambition du pays: “Le VTT n’était presque pas connu ici, mais il est en train de s’ancrer profondément. Nous avons aujourd’hui une génération qui se forme, des équipes prêtes à se spécialiser, et un territoire qui se prête parfaitement à cette discipline. Notre rôle est d’accompagner cette dynamique.”

Sur les hauteurs de Burera, avant de redescendre grâce à l’aide de trois habitantes devenues mes guides improvisées, une phrase m’a frappé: “Nous avons vu des routes se construire ailleurs dans des endroits avec des terrains aussi accidentés. Pourquoi pas ici ?”

C’était la voix de Marie José DUSABIMANA. Une demande simple, un rêve lucide: que le développement sportif puisse, à son tour, tirer vers le haut les villages qui rendent ce paysage si magique.

Le Rwandan Epic n’est donc pas qu’une course. C’est un dialogue entre un pays et ceux qui le parcourent. A mesure que le Rwanda confirme son statut de destination cycliste majeure, après avoir accueilli les Championnats du monde UCI 2025, une évidence se dessine, ces collines ne sont pas seulement belles, elles rappellent que le sport est aussi une façon de raconter le monde.

Par Fraterne Ndacyayisenga
Le 05/12/2025 à 16h55