Tunisie: la dette publique explose et inquiète

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Le 05/03/2018 à 12h12, mis à jour le 05/03/2018 à 12h14

Le niveau d’endettement de la Tunisie devient inquiétant. La dette publique représente désormais 70% du produit intérieur brut (PIB). Et le niveau du service de la dette commence à peser sur le budget de l’Etat et les réserves de change du pays.

La dette publique n'a cessé de croître au cours des dernières années, dans le sillage de la crise économique que traverse le pays.

Selon le ministère tunisien des Finances, la dette publique tunisienne a connu une hausse de 8% en 2917, comparativement à l’année précédente, pour s’établir à 68,07 milliards de dinars tunisiens (1 euro est égal à environ 3 dinars tunisiens), soit une hausse de 12,15 milliards de dinars, ce qui représente plus de 2 fois le budget de la Tunisie qui s’établit à 32,27 milliards de dinars. A ce niveau, la dette publique rapportée au PIB du pays a augmenté de 8 points pour atteindre 69,9%.

De ce montant, la dette publique extérieure représente plus des deux tiers avec un montant global de 46,80 milliards de dinars. Celle-ci a connu une forte augmentation du fait du recours aux bailleurs de fonds étrangers pour financer les déficits budgétaires durant ces dernières années. A titre d’exemple, les emprunts extérieurs se sont établis à 4,01 milliards de dinars en 2016 et 8,64 milliards en 2017.

Le problème est que cette importante dette commence à peser sur le budget de l’Etat. En effet, le service de la dette qui a été le premier poste de dépense de l’Etat avec une moyenne d’environ un cinquième des dépenses publiques sur la décennie 2008-2018.

Ainsi, le service de la dette s’est-il établi à 5,20 milliards de dinars en 2016 avant de bondir à 7 milliards de dinars en 2017, présentant 21,69% du budget. Ce niveau s’explique par le fait que les années 2017 et 2018 constituent ce qu’on appelle le «Mur de la dette», c’est-à-dire les années marquant le début des remboursements des différents prêts octroyés par les bailleurs de fonds étrangers, après la période de grâce.

Conséquence, l’alourdissement du service de la dette risque d’impacter négativement le niveau du déficit budgétaire. Celui-ci est passé de 4,8% du PIB en 2015, à 6% en 2016 et 5,9 % en 2017.

La situation est d’autant plus inquiétante que l’économie tunisienne est en berne. En effet, plusieurs secteurs productifs sont en stagnation. C’est le cas du phosphate dont la production est à l’arrêt.

Cette situation va impacter les recettes budgétaires et donc la capacité de l’Etat à faire face au service de la dette, mais aussi toucher l’approvisionnement en biens (denrée alimentaire, produits énergétiques, etc.) de l’extérieur. En effet, à cause de cette conjoncture difficile, les avoirs extérieurs ne cessent de reculer pour s’établir à 11,33 milliards de dinars au 1er mars 2018, n’assurant que 80 jours d’importation.

Par Karim Zeidane
Le 05/03/2018 à 12h12, mis à jour le 05/03/2018 à 12h14