Tunisie. Tourisme: un modèle en panne, malgré une belle croissance

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Le 25/06/2019 à 20h22

La Tunisie continue d’afficher de bonnes performances touristiques. Les arrivées et les recettes affichent une croissance à deux chiffres. Toutefois, le pays n’arrive pas à se départir de son modèle stratégique, basé sur le tourisme de masse, peu générateur de devises.

Les dernières statistiques du ministère tunisien du Tourisme et de l’artisanat couvrant la période allant du 1er janvier au 10 mai 2019 montrent une bonne progression des indicateurs du secteur et augurent de bonnes perspectives au titre de l’année en cours.

En effet, selon les données officielles, les arrivées de touristes ont affiché une progression de 14,5% à 2,4 millions de visiteurs, par rapport aux statistiques de la même période, voici un an.

Par région, ce sont les Maghrébins qui constituent la première position avec 1,4 million de touristes. Un chiffre en hausse de 12,5%. Ce sont les Algériens qui arrivent en tête avec 776.073 visiteurs durant cette période, devant les Libyens, dont le nombre de touristes a progressé de 20% à 642 800 visiteurs.

Du côté européen, ce sont les Français qui ont occupé le premier rang avec 244.000 visiteurs, un volume en progression de 19%, loin devant les Allemands (54.300 visiteurs). Sur ce marché, les tunisiens tablent sur 1 million de visiteurs au terme de l’année en cours.

Parallèlement, les recettes touristiques ont fortement progressé de 37,7% à 1,2 milliard de dinars durant cette période. Cette forte progression s’explique par la dépréciation continue du dinar tunisien par rapport aux devises étrangères, notamment l’euro (+10,6% à 411,6 millions) et le dollar (+19,4% à 363,5 millions de dollars).

C’est dire que rapportés en devises étrangères, les recettes générées par le tourisme tunisien sont faibles. Cette situation s’explique par le modèle de tourisme de masse mis en place depuis de nombreuses années, dont il a aujourd'hui du mal à se départir. Les capacités d'accueil sont en effet, à 95%, basées sur un tourisme balnéaire, composé de formules "All inclusive" certes compétitives et attractives pour les touristes, mais génératrices de peu de recettes en devises. 

A titre de comparaison, en 2018, le Maroc qui mise sur un tourisme haut de gamme, a, avec 12,3 millions de touristes, engrangé 73,15 milliards de dirhams de recettes, soit environ 6,52 milliards d'euros, la Tunisie, avec 8,3 millions de visiteurs n'a généré que 1,2 milliard d'euros.

Pourtant ce modèle, en plus des faibles recettes en devises qu’il génère, est loin d’être durable. D'où la nécessité de revoir le modèle touristique en vigueur et aller vers un autre modèle durable et plus générateur en devises.

Le pays a les atouts pour diversifier son offre touristique. Le sport, la culture, la thalasso, le golf, le tourisme médical, le Sahara,…, sont autant de thématiques sur lesquelles la Tunisie peut compter pour sortir du presque tout balnéaire. 

Rappelons que pour l’exercice en cours, la Tunisie table sur ds arrivées de l'ordre de 9 millions de touristes, contre 8 millions en 2018.

Un objectif qui peut être atteint sachant que le pays figure dans le Top 10 des destinations les plus prisées par les Français pour l’été 2019.

De plus, le pays peut compter sur sa compétitivité, notamment grâce à la dépréciation continue du dinar tunisien par rapport aux devises étrangères.

Malgré cet élément favorable, pour les professionnels du tourisme, cette destination reste handicapée par le secteur aérien.

Selon eux, la libéralisation des lignes aériennes en Tunisie est nécessaire, et une libre-concurrence avec les compagnies aériennes de l’Union européenne, pourrait grandement contribuer à l’arrivée de plus de touristes.

Seulement voilà: la compagnie aérienne nationale tunisienne, TunisAir, actuellement très mal en point, ne pourrait survivre à l’ouverture du ciel tunisien à la libre-concurrence, qui l’amenerait à une faillite certaine. 

Par Karim Zeidane
Le 25/06/2019 à 20h22