Dans le sillage des banques centrales de nombreux pays, la Banque centrale de Tunisie (BCT) avait pris, en avril 2020, la décision d’interdire la distribution de dividendes aux banques et établissements financiers craignant les conséquences de la crise sanitaire sur le secteur bancaire du pays. Par cette décision, la BCT a ainsi obligé les banques à garder le cash résultant de leurs bénéfices engrangés lors de l’exercice 2019 dans le but de préserver la stabilité du secteur financier du pays.
Ayant constaté que le secteur financier tunisien a affiché une bonne résilience, en dépit d’un contexte économique difficile, la BCT a décidé, le vendredi 19 mars 2021, de lever l’interdiction de distribution de dividendes qu’elle avait imposée aux banques et institutions financières. Du coup, celles-ci pourront distribuer des dividendes pour les exercices bénéficiaires de 2019 et 2020.
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Toutefois, la BCT a permis cette distribution de dividendes à deux conditions. D’abord, il faut que les banques et institutions financières affichent des ratios de solvabilité et de fonds propres de base, après distribution de dividende, dépassant les minimums règlementaires de 2,5% au moins. Ainsi, les établissements qui afficheront des ratios de solvabilité et de fonds propres de base supérieurs à respectivement 12,5% et 9,5% sont autorisées à distribuer des dividendes à leurs actionnaires.
Ensuite, le taux de distribution des dividendes ne doit pas dépasser 35% des bénéfices cumulés des entreprises pour les exercices 2019 et 2020. En clair, les établissements doivent conserver 65% de leurs bénéfices cumulés durant les deux derniers exercices.
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Ainsi, tout en autorisant la distribution de dividendes, la BCT reste prudente. Une situation qui s’explique par la conjoncture économique encore difficile et par la situation sanitaire qui est encore loin d’être maitrisée par la Tunisie qui vient d’entamer sa campagne de vaccination mais qui fait face à un manque de vaccins.
Néanmoins, la Banque centrale exhorte les banques à plus de prudence dans leur politique de distribution et à consolider leurs fonds propres afin de mieux faire face aux risques liés aux incertitudes quant à la reprise économique aussi bien en Tunisie qu’au niveau mondial et renforcer leurs capacités pour soutenir la relance économique.
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En tout cas, cette décision va bénéficier aux actionnaires des banques et établissements financiers tunisiens, notamment à l’Etat tunisien qui demeure l’un des principaux actionnaires du secteur bancaire tunisien. Selon le rapport annuel de supervision bancaire publié le 19 mars, le capital des banques résidant en Tunisie s’élève à 3.892 millions de dinars, soit 1.185,32 millions d’euros, en 2019. Celui-ci est réparti entre l’Etat tunisien (33,9%), les actionnaires étrangers (39,5%) et les actionnaires tunisiens (26,6%).