Qui a tenté d’assassiner le président tunisien? Cette question taraude les Tunisiens depuis que Kaïs Saïed a annoncé, lors d’une réunion qui s’est tenue le 15 juin 2021 au Palais de Carthage, avec le chef du gouvernement Hichem Mechichi et les anciens chefs de gouvernement. Il a annoncé que «certaines personnes» ont secrètement voyagé à l’étranger pour préparer son assassinat, avant d’ajouter que celui qui cherche à instaurer un dialogue pour sauver le pays ne part pas à l’étranger pour liquider le président. Cette rencontre visait à discuter avec tous les responsables de gouvernement de ces dernières années de la situation de crise que traverse le pays.
Depuis cette annonce, tout le monde essaye de mettre un nom sur la personne ciblée par le président Saïed, lequel a promis que quand viendra l’heure des comptes, chacun assumera sa responsabilité.
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Cette sortie alors qu’il recevait l’actuel Premier ministre et ses prédécesseurs dont trois étaient présents -Youssef Chahed, Elyès Fakhfakh et Ali Larayedh. Trois autres anciens chefs de gouvernement dont deux se trouvent à l'étranger et un autre souffrant n'ont pas pu assister à la rencontre entre le Président et les anciens Premiers ministres.
Face à cette situation, le ministre de la Justice par intérim Hasna Ben Slimane a annoncé l’ouverture d’une enquête suite aux déclarations du Président par le procureur de la République de la Cour d’Appel de Tunis afin de faire la lumière sur l’initiative de l’assassinat et ce, conformément à l’article 23 du Code de procédure pénale.
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Par ailleurs, le Premier ministre Hichem Mechichi sera auditionné par la Commission de la sécurité, de la défense et des forces armées au Parlement, le 17 ou le 18 juin courant. Cette audition portera, entre autres, sur les propos du Président au sujet de la tentative d’assassinat.
En tout cas, la sortie du Président ne va pas arranger la situation politique chaotique en Tunisie, même si le jour de cette sortie, le Président a pris la décision d’accepter le remaniement ministériel fait par le chef du gouvernement depuis plusieurs semaines et qu’il avait refusé de reconnaitre arguant que certains parmi les nouveaux ministres sont ceux qu’il avait traités de «corrompus».
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Le Président a profité de l’occasion pour dresser une situation catastrophique du pays avec des institutions de l’Etat menacées d’effondrement, la pauvreté qui devient endémique, des disparités sociales grandissantes,…
En invitant tous les anciens Premiers ministres, le Président Saïed souligne leurs responsabilités de la dégradation de la situation générale du pays. Et en bon populiste, le Président a préféré que tous les Tunisiens entendent le message directement devant leur poste de télévision. Aux anciens chefs du gouvernement, le Président a demandé à lui faire des propositions et des suggestions originales pour le «dialogue national».
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Lors de cette rencontre, sans le nommer, le Président n’a pas manquer de critiquer le dirigeant du parti Ennahdha, l’actuel président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rachid Ghannouchi.
Sans nommer Ghannouchi et Mechichi, le Saïed a aussi jugé ces responsables coupables à ses yeux d’avoir outrepassé leurs prérogatives et rongé sur les compétences du chef de l’Etat alors qu’ils n’ont aucune légitimité populaire pour lui disputer ses prérogatives constitutionnelles.