Une liste de 57 juges a été publiée dans la nuit au Journal officiel dans un décret qui justifie leur révocation pour «dissimulation d'affaires terroristes», «corruption», «harcèlement sexuel», «collusion» avec des partis politiques et «perturbation du fonctionnement de la justice». Le président Saied avait auparavant annoncé «une décision historique» , à l'issue d'un Conseil des ministres mercredi.
Parmi les magistrats limogés qui pourront faire l'objet de poursuites judiciaires, on trouve un ancien porte-parole du pôle de lutte contre le terrorisme, un ancien directeur général des douanes et l'ancien chef du Conseil supérieur de la magistrature.
Les révocations concernent aussi des juges qui supervisaient le dossier dit «des services secrets» concernant l'enquête sur les assassinats en 2013 de deux dirigeants de gauche, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, qui piétine depuis des années.
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Saïed a amendé la loi qui régit le Conseil supérieur de la magistrature, l'autorité de tutelle de la justice tunisienne, pour pouvoir les révoquer, invoquant une «atteinte à la sécurité publique ou à l'intérêt suprême du pays».
En février dernier, le président avait dissous le Conseil supérieur de la magistrature avant de le rétablir à titre provisoire, en en changeant la composition. Il s'agit d'un organe constitutionnel indépendant, établi en 2016, dont les membres sont élus en majorité par le Parlement.
Le Parlement a été dominé depuis la Révolution de 2011, qui avait renversé le dictateur Zine El Abidine Ben Ali, par des coalitions menées par le parti d'inspiration islamiste Ennahdha, bête noire du président.
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Saied a également modifié récemment la composition de l'autorité électorale ISIE qui supervise les élections en Tunisie.
Depuis le 25 juillet 2021, assurant agir dans l'intérêt du pays face à de nombreux blocages politico-économiques, Kais Saïed concentre tous les pouvoirs et dirige le pays par décrets-lois, faisant craindre une dérive autocratique dans le berceau des Printemps arabes.
Pour sortir de l'impasse provoquée par son coup de force, qualifié de «coup d'Etat» par ses opposants, le président a proposé une feuille de route qui prévoit un référendum sur la Constitution le 25 juillet et des législatives anticipées le 17 décembre.
Outre la crise politique, la Tunisie est en proie à de graves difficultés économiques dont une inflation galopante et un chômage très élevé. Surendetté, le pays tente d'obtenir un nouveau prêt du Fonds monétaire international d'au moins quatre milliards de dollars.