Tunisie: polémique autour des grossesses et des naissances hors-mariage

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Le 07/09/2018 à 15h57, mis à jour le 07/09/2018 à 16h01

Après avoir demandé aux médecins de déclarer «toutes les grossesses et les naissances hors mariage», le ministère tunisien de la Santé s'est retrouvé devant une levée de boucliers. Les praticiens de la santé refusent d'obéir et invoquent avant tout le secret professionnel.

La toute dernière sortie du ministère tunisien de la Santé, qui demande à ce que «toutes les grossesses et les naissances hors mariage [soient] impérativement déclarées», a déclenché une polémique dans le pays.

Les gynécologues, tout particulièrement, et le personnel médical dans son ensemble sont désormais tenus d’informer une commission de vérification de la paternité, selon cette instance gouvernementale qui a émis une note ministérielle. Plus encore, un communiqué du ministère précise que les médecins sont désormais dans l’obligation de considérer ces grossesses comme des cas particuliers, qu’il faut diriger vers des structures publiques désignées.

Cette demande du ministère de la Santé a poussé de nombreux médecins tunisiens à formuler leur intention de désobéir à cette injonction de leur ministère de tutelle. Beaucoup refusent catégoriquement de dénoncer ces grossesses et naissances hors mariage.

Par ailleurs, le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) souligne que déclarer au représentant du ministère de la Santé des grossesses et des naissances hors du cadre du mariage –pour les mères célibataires désirant abandonner les nouveaux-nés - est inacceptable. Cette décision, selon cette instance, viole le secret professionnel, les droits individuels les plus élémentaires et la protection des données personnelles.

Les praticiens de la santé refusent ainsi de déclarer ces cas aux autorités indiquées par le ministère tunisien de la Santé. Ils veulent uniquement se contenter de s'adresser aux autorités responsables de la protection de l’enfance, dans le cas où un nouveau-né aurait été abandonné par sa mère, et ce, comme le stipule par ailleurs la loi tunisienne. 

Tout en demandant aux médecins d’encadrer les mères célibataires et de les informer sur leurs droits, le Conseil tunisien de l'ordre des médecins a également demandé au ministère de la Santé d’adapter le contenu de sa note aux avancées socio-démocratiques de la Tunisie en matière de droits individuels.

Par Karim Zeidane
Le 07/09/2018 à 15h57, mis à jour le 07/09/2018 à 16h01