Terrorisme-Sahel: Nusrat Al Islam Wal Muslimin dresse la liste des pays "ennemis"

Le 05/04/2017 à 15h34

Nusrat Al Islam Wal Muslimin, la nouvelle entité terroriste issue de la fusion de plusieurs groupuscules actifs dans l'espace sahélo-saharien, vient de livrer la liste des pays qu'elle considère comme "ennemis". Cette liste comporte quelques "surprises".

Qui sont les pays désignés comme ennemis par la nébuleuse Nusrat Al-Islam Wal Muslimin, groupe terroriste né il y a quelques semaines de la fusion de groupuscules de l’espace sahélo-saharien?

Le chef de cette nouvelle entité, Iyad Ag Aly vient de livrer les noms de 11 pays répartis sur 3 continents et qui sont considérés comme des cibles privilégiées du groupe.

Dans la liste dressée par le leader du mouvement touareg originaire du Mali et livrée dans le cadre d'un entretien exclusif accordé au journal yéménite Al Mousri d’Al Qaida, on retrouve six pays du Sahel et d’Afrique de l’Ouest: le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Sénégal.

Outre les pays africains, la liste compte aussi les Etats-Unis et quatre pays européens: la France, l'Allemagne, la Suède et les Pays-Bas. La France est même qualifiée d'"ennemi historique des musulmans", par la nébuleuse. 

D'autres pays sont en revanche absents de cette liste, ce qui pose question. C'est notamment le cas du Mali qui abrite tous ces groupuscules terroristes du Sahel et qui fait face à des attaques terroristes multiples. 

Il faut cependant remarquer que cette liste est délivrée alors qu'est mis en œuvre le processus de paix au Mali. Durant la Conférence nationale pour la paix qui s'est déroulée la semaine dernière, des voix se sont élevées pour demander des négociations directes avec les groupes terroristes maliens. 

Par ailleurs, l'Algérie et la Mauritanie sont aussi les seuls pays frontaliers du Mali à ne pas faire partie de la liste dressée par Nusrat Al Islam Wal Muslimin.

Cela peut s'expliquer par le fait que ces deux nations, contrairement aux autres pays africains ciblés, n'ont pas envoyé de troupes pour soutenir le Mali lorsque le pays a été attaqué par les groupes terroristes.

Toutefois, cette explication reste insuffisante. Interrogé sur l’absence de la Mauritanie sur cette liste, un observateur avance «les relations généralement correctes entre les mouvements touaregs et Nouakchott».

D'ailleurs, une bonne partie de la presse malienne dénonce régulièrement «le double jeu» de la Mauritanie et de l'Algérie dans le combat contre l’insécurité au Sahel. Pourtant, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Niger forment le G5 du Sahel, des Etats engagés dans la coordination et la mutualisation des efforts en matière de lutte antiterroriste.

Pour sa part, l'Algérie est engagée chez elle dans une guerre contre de nombreux groupes terroristes actifs au Mali dont certains sont responsables d'attaques meurtrières sur son sol.

L'absence de l'Algérie de cette liste ne manquera pas de conforter la thèse soutenue par certains pays qui voient la main des services secrets algériens derrière la prolifération de certains groupes terroristes au Sahel. De plus, Iyad A Aly, ancien diplomate malien, ex-indépendantiste devenu djihadiste, est connu pour ses liens avec certains milieux algériens, un pays où il trouve facilement refuge à chaque fois que la situation se complique au Mali.

En tout cas, avec cette liste, les pays africains de la région ont une fois de plus la preuve de la nécessité de coordonner leurs efforts pour combattre énergiquement ces groupuscules et leurs souteneurs qui ont d'autres visions que l'islam dont ils se servent pour justifier leur action. 

Par ailleurs, à travers la même interview, Iyad Ag Aly a dévoilé la stratégie militaire de la nouvelle entité terroriste qui vise à «élargir sa présence dans un grand espace géographique, affaiblir l’ennemi et le cibler partout où il se trouverait. Il s'agit aussi de dresser tous les musulmans contre l’ennemi à travers une recherche de soutien populaire et le renforcement des relations avec les populations».

Donnant des précisions sur le mode opératoire, Ag Aly annonce «des actions de guérilla» avec un recours alternatif «aux méthodes de guerre classique».

Enfin, il faut souligner qu'en plus de Iyad Ag Aly, la nouvelle organisation Nusrat AlIslam Wal Mslimin associe plusieurs noms de la nébuleuse terroriste de l’espace sahélo-saharien dont les chefs les plus recherchés, tels le Malien Amadou Kouffa et l'Algérien Belmokhtar.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 05/04/2017 à 15h34