Baha Eddine Tliba alias “l’émir du Qatar d’Annaba" est incarcéré depuis jeudi 17 octobre à la prison d’El-Harrach, soit moins de 24h après son arrestation.
Le mystère plane encore sur le lieu de son arrestation. Annoncé comme ayant fui à l’étranger, Tliba a tout de même été appréhendé. Les médias proches du régime ont tenté de faire croire à l’opinion publique que le richissime député de Annaba a été arrêté dans sa région natale, dans la ville d’El-Oued, situé au Sud-est du pays.
Mais en réalité, l’arrestation de Tliba s’est faite grâce à une opération des services de renseignement algériens d’après le site d’information en ligne Algérie Part. Le député de Annaba a effectivement fui le pays en franchissant le frontière algéro-tunisienne à la fin du mois de septembre.
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L’homme d’affaires s’est par la suite dirigé vers la côte tunisienne où un riche passeur, possédant un yacht, l’a transporté jusqu’à l’île de Malte. D’après la même source, Tliba a séjourné plusieurs jours sur l’île, connu pour être un nid d’espions.
À ce moment-là, Baha Eddine Tliba n’avait pas encore décidé dans quel pays il allait se réfugier. Jusqu’au 12 octobre, l’homme réclamé par le général Gaïd Salah n’avait jusque-là élaboré aucun plan précis pour se mettre à l’abri. Mais il était en contact avec plusieurs interlocuteurs installés à l’étranger afin de lui trouver un point de chute.
Tliba allait-il se réfugier en Angleterre où se rendre en Espagne pour rejoindre le général Khalid Nezzar? Il s’avère plutôt que "l’émir du Qatar d’Annaba "n’avait aucune option précise. En effet, sa fuite a été décidée dans la précipitation et l’enfant gâté de l’ancien régime ne pensait pas que la machine judiciaire allait le détruire aussi rapidement et facilement alors qu’il était l’associé des enfants du général Gaïd Salah depuis plusieurs années.
En plein imbroglio, les nouvelles d’Algérie sont mauvaises. La mère de Baha Eddine Tliba, âgée et malade, réclame son fils.
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Par ailleurs, des membres de sa famille lui font part de l’arrestation de son frère Dhia-Eddine Tliba, un exploitant agricole établi à El-Oued, la région d’origine de la famille Tliba. Le député de Annaba reçoit des appels de certains intermédiaires dépêchés par le clan Gaid Salah. Ils lui proposent des négociations dans l’optique de lui offrir "une protection" à condition qu’il accepte de se rendre aux autorités algériennes. Sa reddition étant la seule solution qui pouvait lui permettre de revoir sa mère "séquestrée" en Algérie.
Ces données obligent donc Baha Eddine Tliba à retourner en Tunisie où il s’installe dans une maison à Nabeul, ville situé au nord-est du pays. Seule une femme de ménage et un chauffeur étaient dans la confidence. Trois jours durant, Tliba multiplie les appels avec ses prétendus négociateurs et intermédiaires.
Toujours d’après le site d’information Algérie Part, le mardi 15 octobre, l’un de ses cousins lui propose même de rencontrer des hommes qui viendront lui parler de vive voix pour sceller un accord qui instaurera la paix entre lui et le clan du chef d’état-major de l’ANP, le général Ahmed Gaid Salah. Cet accord est censé lui permettre de se rendre en sécurité en Algérie.
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Pris donc par les sentiments, Tliba tombe dans le piège tendu par le clan de Gaïd Salah. Sa planque à Nabeul est au final débusquée. Un "commando" algérien viendra l'y cueillir avec l’aval, le soutien et l’appui des services de sécurité tunisiens. Interpellé le mardi 15 octobre au petit matin, l’ex-homme fort de Annaba franchira une dernière fois la frontière algéro-tunisienne pour être transféré dans la journée dans deux centres des services secrets à Annaba et Constantine.
Plus tard, l’architecte de formation retrouve la capitale Alger, mais cette fois en qualité de captif. Le jeudi 17 octobre, il est présenté devant le tribunal d’Abane Ramdane à Sidi M’hamed (Alger) et sera envoyé à la prison d’El-Harrach.
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Le bras de fer entre Baha Eddine Tliba et le tout puissant généralissime Gaïd Salah n'aura finalement duré que deux semaines. Le député de Annaba, qui détient de nombreux secrets sur le clan du chef de l’état-major, était mis en échec à cause d’un plan des services de renseignements algériens mais aussi d’une complicité des autorités tunisiennes. Gaïd Salah s’en sort cette fois encore indemne, mais jusqu’à quand ?