Le rapport de la Banque mondiale sur les prévisions de croissance économique dans le monde, publié hier, est avant tout un coup de pied au nez du Premier ministre Abdelmalek Sellal, qui avait annoncé dernièrement des prévisions très optimistes pour l’économie algérienne durant les deux années à venir.
Selon l’institution dédié au développement international, après une croissance de 3,6% enregistrée en 2016, la croissance en Algérie devrait ralentir à 2,9% pour 2017 puis 2,6% et 2,8% en 2018 et 2019. L’institution revoit ainsi ses prévisions de croissance sur l’Algérie à la baisse. Ce ralentissement est expliqué par «un recul des dépenses en travaux publics et des retards dans les réformes du régime fiscal et des subventions». A noter que la loi de finances algérienne annonçait 3,9% de croissance en 2017, 3,6% et 4,3% respectivement en 2018 et 2019.
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L’institution internationale affiche ses craintes face à la situation de crise liée à l’instabilité du prix du baril de pétrole. Une situation qui a poussé les dirigeants algériens à entreprendre une série de mesures dans la loi de finances 2017 qui ont beaucoup mécontenté les citoyens algériens. Il s’agit de la hausse des taxes, notamment la TVA, de la baisse des subventions sur certains produits dont les hydrocarbures, dans le but de réduire le déficit budgétaire. Des mesures qui ont été à l’origine des émeutes de Béjaïa. Des tensions qui risquent encore de retarder la mise en application de nombreuses autres mesures visant à réduire davantage les subventions des produits de base et qui pourraient encore mécontenter davantage d’Algériens.
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De même, la baisse des recettes budgétaires, dans le sillage de la baisse des cours du baril de pétrole, risque aussi de compromettre un certain nombre de grands travaux d’infrastructures qui sont derrière la croissance du pays au cours de ces dernières années et dont certains sont à l’arrêt à cause des problèmes de ressources financières.
Or, l’arrêt de ces chantiers ne manquera pas d’impacter négativement le niveau du chômage et donc les revenus des Algériens. Une situation qui risque, selon la Banque mondiale, de compliquer la situation sociale en augmentant les mécontentements populaires et en rendant ainsi les «réformes budgétaires et structurelles» difficiles à entreprendre. Or, avec le maintien de la situation actuelle, il est fort probable que le pays n’arrive pas à attirer davantage d’investisseurs étrangers et tirer son économie vers une croissance plus forte et durable.
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Enfin, selon les nouvelles prévisions de la Banque mondiale, l’économie algérienne sera moins dynamique que ses homologues tunisien et marocain. Ainsi, d’après les prévisions de la Banque mondiale, la Tunisie devrait enregistrer une croissance de l’ordre de 3% en 2017 avant de monter à 3,7% en 2018 et 4% en 2019. Pour sa part, le Maroc réalisera une croissance de l’ordre de 4% en 2017, puis 3,5% et 3,6% respectivement en 2018 et 2019.