Après avoir traité les noirs de pestiférés, l'Algérie découvre enfin qu'elle ne peut pas avancer sans eux. C’est Mohamed Charaf Eddine Boudiaf, le directeur de l’emploi de la wilaya d’Alger qui l’affirme. «Lors de l’exercice 2016, 42.900 demandes d’emploi ont été satisfaites pour répondre à une offre de près de 135.500 postes». Cela veut dire que 68% des postes nécessaires à une reprise adéquate du secteur du BTP n’ont pas été pourvus. Aujourd’hui, les entreprises du secteur sont incapables de répondre correctement aux commandes des fournisseurs.
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Pourquoi un tel gap entre l’offre et la demande, quand le pays fait face à une sévère crise économique? Le directeur de l’emploi apporte une réponse qui montre qu’Alger ne s’est débarrassée des migrants africains en décembre dernier que pour des considérations xénophobes. Selon lui, «certains demandeurs d’emploi [algériens] expriment des réticences à occuper des postes qui sont offerts par le secteur du BTPH», a-t-il ajouté. En réalité, la plupart des Algériens trouvent dégradant le travail de maçons ou de manœuvres. Et beaucoup sont peu qualifiés dans des domaines de l'électricité, de la plomberie ou des activités artisanales liées au secteur de l’immobilier.
Impossible sans les étrangers
Du coup, la main-d’œuvre étrangère, notamment chinoise et subsaharienne, devient l’unique solution. Que penser de tout cela quand on sait qu'Alger, par la voix d'un conseiller à la présidence, a accusé les noirs de propager le sida et les maladies dans le pays.
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L’année dernière ce sont quelque 28.940 expatriés qui ont été enregistrés par les services de l’emploi avec une forte orientation dans le secteur du BTPH. Par nationalité, ce sont évidemment les Chinois qui arrivent en tête, mais si l’on regroupait les Subsahariens, rien ne dit qu’ils ne seraient pas plus nombreux.
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Quoi qu’il en soit, cette Algérie qui s’est livrée à la chasse à l’homme noir, ne peut malheureusement pas se construire sans les Maliens, les Nigériens, les Nigérians, les Ivoiriens, les Camerounais, les Guinéens. Il aurait été sans doute plus facile pour les autorités algériennes d’accompagner les ressortissants subsahariens dans des formations pour les métiers déficitaires en main-d'oeuvre dont ceux de technicien supérieur conducteur de projet, de soudeur tuyauteur, de topographe et de grutier pour les travaux publics.
(1): C'est le Syndicat national algérien autonome des personnels de l'administration publique (Snapap) qui dénonçait en décembre dernier, "la plus grande chasse à l'homme noir depuis l'indépendance". Ce titre reprend donc cette expression.